jeudi 15 octobre 2009

Gabon : Le «Front de refus» rejette l’élection d’Ali Bongo et demande Mba Obame de les rejoindre

Le «Front de refus du coup de force électoral», qui regroupe les principaux candidats de l'opposition à l'élection présidentielle du 30 août dernier, a exprimé ce 14 octobre son «rejet» et son «dégoût» de la décision de la Cour Constitutionnelle de valider l'élection d'Ali Bongo. La coalition a demandé à André Mba Obame de mettre un terme à sa grève de la faim et a exhorté le peuple gabonais à résister à l'injustice et autres manœuvres destinées à «bâillonner la démocratie et nier sa souveraineté». Nous publions ci après la déclaration in extenso lue par le port parole de la coalition l'ancien premier ministre, Jean Eyeghe Ndong.


Déclaration de la Coalition des candidats et des partis politiques de l'opposition après la confirmation de l'élection de Monsieur Ali BONGO ONDIMBA

La Cour constitutionnelle a rendu nuitamment, le lundi 12 Octobre 2009, les décisions relatives au contentieux électoral consécutif à l'élection présidentielle du 30 août 2009. Nous, coalition des candidats et des partis politiques de l'opposition exprimons notre rejet de ces décisions et le dégoût qu'elles nous inspirent tant elles rappellent les sombres heures de notre histoire récente et nous désolent du crédit à accorder aux institutions garantes de notre démocratie

Notre rejet de ces décisions porte d'abord sur les conditions de leur élaboration. La Cour constitutionnelle ne peut convaincre aucune personne de bonne foi d'avoir réalisé la prouesse extraordinaire de rédiger quatre décisions remarquablement longues, pendant la courte suspension de séance qui a séparé nos auditions de la reprise des audiences publiques.

En réalité, ces décisions étaient prêtes bien avant ces audiences publiques comme en témoignent l'absence de références aux mémoires en réponse déposés auprès de la Cour en réaction aux répliques de nos contradicteurs et celle des propos tenus à l'audience en réaction aux omissions contenues dans les rapports lus par les conseillers rapporteurs.

Notre rejet de ces décisions porte ensuite sur leur contenu. Nous rejetons avec la dernière énergie les imputations d'absence de preuves tant nous avons démontré, en nous appuyant sur des documents fournis par nous-mêmes ou par nos contradicteurs, que le déroulement et la proclamation de l'élection présidentielle du 30 août 2009 a été émaillée d'irrégularités et de fraudes massives lesquelles ont concouru au résultat obtenu par le candidat déclaré élu et, si tant est que certaines d'entre elles aient bénéficié à certains d'entre nous, elles n'entachaient pas moins l'élection et en appelaient l'annulation. Cette sanction s'imposait d'autant plus que le procès-verbal de centralisation des résultats, dont nous avons montré à l'audience qu'il n'était pas élaboré au moment où le ministre de l'Intérieur proclamait ces résultats, encourait également l'annulation.

Nous rejetons enfin les résultats proclamés ainsi que leur correction par recomptage interne. Leur variation inexpliquée et arbitraire accrédite nos affirmations et dissimule une manœuvre politique. Son ampleur aurait été en réalité plus importante si, comme nous le demandions, le recomptage avait été contradictoire et complet. En effet, portant sur 281 5 bureaux de vote, il aurait nécessité plus que le peu de temps qui lui ont été consacrés pour être mené à bien.

Sur l'éligibilité du candidat Ali Bongo Ondimba, la Cour, en refusant de traiter au fond cette question a renforcer les forts soupçons qui planent sur la réelle capacité de celui-ci à être candidat à une élection présidentielle dans notre pays. Les informations contradictoires sur sa naissance auraient exigé de la Cour qu'elle enquêtât pour faire la lumière sur ce problème très important et essentiel. La complaisance de la Cour nous conduit par conséquent à lancer un appel à témoin pour éclaircir cette question si importante pour le pays.

Nous maintenons aussi qu'un meilleur sort aurait dû être fait à la requête de Madame Okome-Obame car elle a permis de mettre au jour la diversité des procès-verbaux de bureaux de vote. C'est un des visages de la fraude. En escamotant sa réponse, la Cour a perdu l'occasion de se saisir d'un moyen d'annuler des bureaux de vote où des mains expertes ont été employées pour accomplir cette basse besogne.

Ainsi, tant en la forme qu'au fond, les décisions de la Cour constitutionnelle ont parachevé une mascarade concoctée pour légitimer une «intronisation» décidée bien avant la disparition du précédent président de la République.

Nous affirmons que les décisions de la Cour constitutionnelle achèvent le scénario d'un passage en force organisé envers et contre tout par des esprits plus préoccupés par les intérêts particuliers que par la consolidation de notre démocratie et la recherche de l'intérêt général.

L'utilisation abusive des forces armées dans des opérations préventives de maintien de l'ordre, la négation des libertés publiques sont des manifestations de cette volonté d'asseoir par la force et l'intimidation, un "pouvoir non élu, donc illégitime. Pour réagir contre cette dangereuse dérive totalitaire et dictatoriale, monsieur André Mba Obame, membre de notre coalition, a entamé depuis le 12 octobre 2009 une grève de la faim. La coalition exprime sa solidarité face à cet acte de courage et de détermination. Tout en lui exprimant notre solidarité, la coalition lui demande de mettre fin à sa grève car nous sommes conscients que sa combativité nous est nécessaire. Nous en appelons à l'Union Africaine et toutes les autres institutions internationales à se porter au chevet du Gabon en crise.

Quant au peuple gabonais, nous l'exhortons à résister à l'injustice et autres manœuvres destinées à bâillonner la démocratie et à nier sa souveraineté».

Source: http://www.lvdpg.org

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