jeudi 26 novembre 2009

Gabon : Fin de parcours pour les barons de l’ancien de régime ?

Couronné le 16 octobre dernier sur un échiquier politique pour le moins désuni, le nouveau chef de l’Etat a vite fait de traduire en actes ses promesses de rupture dont beaucoup de ses détracteurs le jugeaient incapable. Le tsunami administratif et les audits annoncés par le nouveau pouvoir pour asseoir sa légitimité esquissent, bon gré mal gré, la chute de nombreux hiérarques de l’ancien régime.

Quel avenir pour la bourgeoisie secrétée par le régime de l’ex-président gabonais Omar Bongo Ondimba dont le règne s’est achevé le 16 octobre avec l’investiture d’Ali Bongo ?

Soucieux de marquer la rupture avec les mœurs de la gouvernance de l’ancien régime dont il piaffait d’impatience de curer les caves et alcôves, le nouveau président a, dès son arrivée au pouvoir, entrepris de redéployer des hommes à lui dans presque tous les rouages du pouvoir.

En moins d’une semaine, le gouvernement, la haute administration ainsi que les directions des entreprises publiques et parapubliques, ont été confiées à de nouvelles personnalités dont 70% étaient jusque là inconnus du grand public.

Pressé de traduire dans les faits son projet de société «L’avenir en confiance» à travers une profonde transformation économique du Gabon pour bâtir un pays émergent, Ali Bongo veut des hommes acquis à sa cause et capables de se donner corps et âme pour asseoir ce projet.

Pour preuve, le rythme du taux de remplacement de l’élite est loin de faiblir car chaque jour, le nouveau pouvoir pousse plusieurs cadres de la République vers la périphérie des cercles du pouvoir. Pour plusieurs hiérarques et leurs alliés c’est le début d’une longue traversée du désert. D'ailleurs, l’incertitude qui entoure leur espérance de vie politique est plus chargée que l’énigme de Delphes. En tout cas, très peu d’entre eux reviendront au devant de la scène car pour le nouveau pouvoir ils ont le destin des feuilles mortes.

C’est vrai que beaucoup de ces cadres qui viennent de perdre leurs postes avaient un mandat électif, soit à l’Assemblée, soit au Sénat, ou encore au niveau des communes et collectivités locales. Cependant, ce mandat s’apparente aujourd’hui au dernier oasis avant l’épreuve du désert. Car, il n’est pas certain qu’ils seront investis par le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) lors des prochaines consultations électorales.

Le PDG qui a tant besoin d’effacer les dissensions apparues à l’occasion de l’élection présidentielle, afin de refaire son unité autour du nouveau président de la République, va certainement se choisir des hommes neufs qui partagent les convictions d’Ali Bongo et qui serviront de caution à son projet de rupture.

Certes, certains anciens barons de l’ancien régime sont assez fortunés pour briguer un mandat en indépendant. L’emprise qu’ils exercent sur leurs fiefs électoraux, notamment en tant que principal «bailleur de fonds» de la communauté, peut leur permettre d’arracher un siège.

Cette perspective ne leur garantit aucunement une espérance de vie politique apaisée, car le nouveau gouvernement avait annoncé dès son premier Conseil des ministres le lancement des audits pour s’assurer de la bonne gestion des deniers publics dans l’ensemble du secteur public. Tout dépendra de l’ampleur de ces audits. Mais en tout cas ces audits apparaissent d’ores et déjà comme une excellente guillotine pour beaucoup d’anciens barons de l’ex régime.

Publié le 25-11-2009    Source : gaboneco     Auteur : gaboneco 

lundi 16 novembre 2009

Gabon : Coalition de huit partis contre Ali Ben Bongo

Lundi 16 novembre 2009  par Achille NGUETI, © AfriSCOOP 

Huit partis d’opposition ainsi que des candidats malheureux à la présidentielle du 30 août ont annoncé la création d’une Coalition des groupes et partis politiques pour l’alternance (Cgppa), a constaté dimanche, un correspondant d’AfriSCOOP à Libreville.


Ils évoluaient après la présidentielle du 30 août, de manière informelle mais, depuis dimanche, ont décidé de se constituer en alliance. Eux, ce sont huit partis d’opposition et candidats malheureux gabonais. Avec la Cgppa, ils entendent contester la légitimité de Ali Ben Bongo élu à la suite de son père, le défunt président Omar Bongo Ondimba.

Au sein de cette coalition, se retrouvent d’anciens barons du Parti démocratique gabonais (Pdg, au pouvoir), des opposants et des candidats indépendants. Le plus virulents reste André Oba Mbame, l’ex-ministre de l’Intérieur et ex-ami d’enfance du nouveau président. Classé deuxième puis troisième par la Cour constitutionnelle, lors de la présidentielle, ce dernier n’est pas prêt de s’entendre avec ses anciens « amis ». « Messieurs et mesdames du pouvoir, on se connaît bien (rires et applaudissements). La chasse aux sorcières méprisable à laquelle vous vous livrez, loin de décourager le désir profond du changement des Gabonaises et des Gabonais, renforce la détermination qui habite désormais chacun d’entre nous ! », lançait-il à Libreville.
Plus encore, pour la Cgppa, le nouveau pouvoir est une « dictature émergente ». Les opposants en veulent pour preuve, le fait de n’avoir pas obtenu l’autorisation d’organiser un grand meeting pour annoncer la création de leur coalition. « Ali prouve qu’il n’est pas mieux que son père. Pis, il veut imposer une dictature qui ne dit pas son nom au Gabon. Nous ne saurons jamais accepter cela et sommes prêts à le dénoncer partout où besoin sera », martèle un membre de la coalition.

Déjà, des observateurs indiquent que la Cgppa part sur une mauvaise base. En effet, l’absence de l’opposant historique Pierre Mamboundou et l’ancien maire de la capitale, Paul Mba Abessole (des poids lourds de l’opposition traditionnelle gabonaise) fait douter de son impact sur l’échiquier politique de ce petit pays de l’Afrique centrale.

Sources: Afriscoop.com
Signature

dimanche 15 novembre 2009

Une charte pour la fin du Bongoïsme


Bruno Ben MOUBAMBA, le 15 novembre 2009


Aujourd’hui le 15 novembre 2009 à Libreville, devrait être ratifié le texte d’une nouvelle charte de l’opposition gabonaise. Tous les lieux de réunion possibles approchés en vu d’accueillir cette manifestation ont soit changé d’avis subitement ou alors, ont refusé sans explication d’abriter la signature de la charte. On retiendra comme exemples des lieux comme l’Intercontinental (nouvelle propriété des Libyens), le Gymnase CHARLES NTCHORERE ou la Cité de la Démocratie…La fausse émergence d’une vraie dictature ! Chaque leader devant s’exprimer 5 minutes, voici le texte de ma déclaration. La suite des documents sera affiché dans la journée du 16 novembre 2009.

Avec les autres membres de l’opposition, j’ai critiqué les multiples violations de la loi dans l’organisation de l’élection présidentielle et une gestion partisane de la transition en faveur du PDG (Parti Démocratique Gabonais). La prise du pouvoir par la force, après une kermesse politique sans précédent dans notre pays, a abouti au galvaudage du concept politique « d’émergence » que j’ai utilisé le 4 avril 2009 lors d’un Forum international à Reims en France. Les programmes politiques de l’opposition et en particulier le mien, ont été repris par les Nouveaux Maîtres du Gabon sans que la nouvelle sémantique basée sur « l’Emergence » ne parvienne à cacher la pauvreté intellectuelle et le manque de savoir-faire de ceux qui prétendent nous diriger.

Rallié avec 15 autres candidats à la Coalition pour l’Alternance refusant le coup de force électoral, je suis parvenu, malgré « la liste noire » distribuée par les autorités gabonaises, à passer les différents postes de contrôles de l’aéroport international Léon Mba et à embarquer dans pour Paris le 14 septembre. J’en profite d’ailleurs ici pour attirer l’attention des Gabonais sur les tracasseries dont ont été victimes certains personnels de la Police de l’Air et des Frontières et de Gabon Airlines du fait de mon départ. Malgré cet exil relatif du pays, je fais partie de l’opposition. Comme toujours, je suis avec le Peuple Gabonais et je ne vous décevrai pas.

« L’Emergence » version Ali Bongo ne peut pas marcher au Gabon, pas plus que n’a marchée « la Rénovation » du Président défunt. Pourquoi ? Parce que le « Bongoïsme », qui est un management, et le « Racisme Géopolitique », véhiculé par « Françafrique » dans toute l’Afrique francophone, doivent être démantelés pour que toute notre Afrique, en premier lieu le Gabon, devienne une zone émergente. Or, par bien des aspects, l’Afrique francophone semble étrangère à la mondialisation, ou, ce qui est pire, paraît souvent en être la victime. Pour faire progresser notre pays, nous n’avons plus à faire allégeance à qui que ce soit. Nous avons besoin de partenaires dignes de ce nom. Nous avons le droit de nous battre pour faire avancer le Gabon autrement que par des bons sentiments et c’est une entreprise pour laquelle, il vaut la peine que nous risquions nos vies.

Il ne faut se faire aucune illusion. La vraie question pour comprendre le blocage du Gabon est celle-ci : Pourquoi la partie de l’Afrique anciennement sous influence française connaît-elle les plus grands échecs ? A n’en pas douter, en répondant à cette question qui pose le problème des relations de la France avec ses anciennes colonies, l’Hexagone arrivera peut-être à résoudre ses problèmes d’identité…

Combien de temps allons-nous souffrir sous les agitations du « Nouveau Pouvoir » ? Très peu de temps dans la mesure où aucun mensonge ne peut durer éternellement. Si nous refusons le tribalisme, les mauvaises mœurs et le culte de l’argent, assurément le Bongoïsme et la Françafrique seront vaincus bientôt.

Fait à Reims en France, le 15 novembre 2009. 



 Auteur: Bruno Ben Moubamba


Sources: http://www.moubamba.org


Gabon : Les journaux suspendus dénoncent un «véritable muselage»

Quelques jours après la suspension provisoire de 6 organes de presse par le Conseil national de la communication (CNC) le 10 novembre dernier, le collectif des éditeurs et des responsables des Association de presse du Gabon est monté au créneau pour dénoncer ces mesures. Au cours d’un point presse tenu à Libreville ce 13 novembre, le collectif a également déclaré qu’il introduirait une plainte au Conseil d’État contre le CNC, dont les décisions de suspension sont qualifiées d’«arbitraires»


Suite à la décision du Conseil national de la communication (CNC) du 10 novembre dernier, de suspendre provisoirement six organes de presse locaux pour «désinformation» et «intoxication», le collectif des éditeurs et des responsables des Association de presse du Gabon, a tenu une conférence de presse ce 13 novembre à Libreville pour dénoncer ces sanctions jugées «arbitraires».

Le collectif a affirmé que «depuis le décès du président Omar Bongo Ondimba à Barcelone le 8 juin 2009, il devient périlleux d’exercer dans le secteur de la presse au Gabon».

«Tout y passe : interdiction faite à plusieurs journalistes étrangers de couvrir des évènements politiques au Gabon, expulsion d’autres journalistes du territoire national sous prétexte d’exercice de la souveraineté, sabotage des installations de certaines chaînes et radio de télévision, intimidation et menaces physiques à l’endroit des journalistes locaux…», énumèrent les éditeurs de la presse locale.

Le collectif a également rappelé à cet effet l’«injonction faite au distributeur de la presse nationale (Sogapresse), par le Secrétaire général du ministère de la Communication, de ne pas distribuer le journal Tango, en violation des textes en vigueur en République gabonaise, en est une autre illustration». Par ailleurs «son gérant fait actuellement l’objet d’une procédure en correctionnelle à l’initiative du président de l’Assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama».

Sans compter que «le 30 août 2009, le jour du scrutin présidentiel, le gouvernement de la République par la voix du ministère de la Communication, a fait arrêter le signal et les émissions de la chaîne privé TV+», a-t-il poursuivi.

«Journalistes menacés et interpellés, journaux interdits et fermés, chaînes de télévision sabotées, tel est l’état actuel de la liberté de la presse au Gabon. Un vrai muselage !», fustigent les éditeurs.

Le collectif qui s’est engagé à «user de tous les moyens légaux pour préserver ce droit à la liberté d’expression chèrement acquise lors de la conférence nationale de 1990», indiquant qu’il traduirait le CNC devant le Conseil d’Etat.

Le 10 novembre dernier, suite à une séance plénière du CNC, Nku'u Le Messager a écopé d'une interdiction provisoire de paraître d'un mois ; le Scribouillard ne pourra plus paraître pendant deux mois ; Échos du Nord a été frappé d'une interdiction de paraître de trois mois ; le Crocodile ne paraîtra plus pendant un mois ; l'Ombre non plus pendant deux mois alors que La Nation a écopé de deux mois d'interdiction provisoire de paraître.

Lors de l'élection présidentielle d'août dernier, les médias et la société civile nationale et internationale, notamment Reporters sans frontières (RSF), dénonçaient déjà l'installation d'une «chape de plomb» sur la liberté d'expression. Publié le 14-11-2009  
 
Source : gaboneco     Auteur : gaboneco  

Pierre MAMBOUNDOU s'exprime

Vendredi, 13 Novembre 2009 17:10


15Lors du dernier congrès de l’Union Pour la Nouvelle Republique (UPNR) de Me Loui Gaston Mayila, Pierre MAMBOUNDOU président de l’Union du Peuple Gabonais, opposant historique au système incarné par le PDG s’est exprimé sur certaines rumeurs  et questions d’actualité

1 – Rumeurs qui le disent à l’étranger

« Je suis particulièrement heureux, puisque ce congrès m’a donné la bonne occasion de me montrer, après l’élection présidentielle, pour taire les conjectures qui me donnaient perdu. Je ne suis ni aux USA, ni à Paris, encore moins en Afrique du Sud, comme le prétendent mes détracteurs. Je suis bel et bien ici au Gabon, ma belle patrie ».

2 – Allégations qui font état de négociations entre Ali BONGO et lui pour l’entrée des siens au gouvernement et sa nomination au poste de vice-président de la république

« Malgré les appels, les multiples propositions, beaucoup de personnes se sont perdues en conjectures, mais Mamboundou a choisi de faire la politique dans l’opposition depuis 1988 jusqu’à ce jour. Depuis mon entrée en politique, je suis resté égal à moi-même. Nous, tous les Gabonais, aspirons à une nouvelle République. C’est en cela que l’appellation du parti de Maître Mayila est une prémonition », a-t-il martelé.


3 - sur la volonté exprimée par le gouvernement de faire appliquer Loi 001/2005 portant Statut général de la Fonction Publique et stipulant l’incompatibilité de certaines fonctions politiques et syndicales avec le statut de fonctionnaire

« Le gouvernement n’a rien à faire, sinon provoquer de faux évènements à travers une mauvaise interprétation des lois. Les partis politiques n’ont pas de sous pour payer leurs responsables permanents. D’abord, aucun militant d’un parti politique, en dehors du Parti Démocratique Gabonais), ne fait de la politique et des activités de son parti une profession. Nos responsables ne se consacrent aux activités des partis qu’aux heures et jours non ouvrables. Cette loi a été promulguée en raison de l’existence de celle portant l’octroi de subvention de l’Etat aux partis politiques, mais ne profitant qu’au PDG. si le gouvernement tient à l’appliquer, qu’il applique également la loi relative à la fameuse subvention (dont le montant annuel est de six milliards) à tous les partis agréés. C’est l’Etat qui paie les cadres du PDG, puisque vous ne me direz pas que ce parti vit des cotisations de ses militants. Alors, comme les dispositions de l’article 24 de la Loi 0024 /96 portant la subvention n’est pas encore abrogée, il faut que tous les partis soient placés à la même loge ».

4 – Sur la volonté de NDONGOU d’obtenir des partis politiques la liste des membres permanents de leur bureaux

« Nous n’avons pas de noms à lui fournir. L’obtention des récépissés est subordonnée à la fourniture de documents parmi lesquels figure ce qu’il demande. Même en cas de changement à la direction du parti, l’obligation est faite à celui-ci de fournir les mêmes pièces. Alors qu’il se réfère à la bonne tenue de ses archives ».

5 – Sur son avenir politique

« Nous avons perdu une autre bataille, mais pas la guerre. D’autres élections non moins importantes pointent à l’horizon. Une éventuelle victoire de l’opposition à ces élections mettrait le gouvernement en difficulté de commander, puisque contraint à la cohabitation. Nous ne devons ni nous décourager, ni baisser les bras. Restons déterminés, courageux, vigilants, mobilisés et unis ».

Écrit par:  MOMBO Lacysse    


Source : http://www.upg-gabon.org

mercredi 11 novembre 2009

Communiqué de la Coalition: Sur la dictature émergente

REPUBLIQUE GABONAISE
Union- Travail-Justice
COALITION DES GROUPES ET PARTIS POLITIQUES POUR L’ALTERNANCE

-DECLARATION-
 
Jean Eyeghe Ndong, le Porte-Parole par Bruno Ben MOUBAMBA
Mesdames et Messieurs,

Alors que l’Europe célèbre avec joie et enthousiasme, à travers la chute du mur de Berlin, le triomphe de la liberté et de la démocratie, les démons d’un Pouvoir illégitime gagnent du terrain au Gabon depuis le 03 septembre 2009.

Il serait difficile au commun des mortels de suivre, tant ils sont nombreux, les actes et les faits graves de ce Pouvoir qui tente de s’imposer avec brutalité et cynisme au peuple Gabonais. Nous gagnerons du temps en nous abstenant d’analyser en profondeur la démission du Directeur de Cabinet du Président de la République, impliqué dans la déplorable affaire de détournement des fonds de la BEAC.

Dans ce contexte, la Coalition concentre sa déclaration de ce jour sur deux faits fondamentaux qui traduisent clairement la dérive totalitaire du régime:

1.  L’application spécieuse des dispositions de l’article 64 de la loi 1/2005 portant statut général de la fonction publique.


2. Le report abusif des élections législatives et sénatoriales partielles.



SUR L’ARTICLE 64

En prenant le prétexte de l’application des dispositions de l’article 64 de la loi 1/2005 portant statut général de la fonction publique, le Pouvoir a clairement arrêté la stratégie de casser le mouvement social. Il tente d’obliger par ce biais les responsables des syndicats de l’administration publique à choisir entre leurs emplois au service de l’État et leurs responsabilités syndicales pourtant reconnues par la Constitution.

Pour faire bonne figure face à l’intransigeance des syndicats, le Pouvoir a cru bon d’élargir sa tentative aux partis politiques et aux fédérations sportives, il ouvre-là ce que le quotidien « l’Union » a fort justement qualifié de « boîte de pandore ».

Nul ne conteste la pertinence de l’article 2 de cette loi qui précise que la Fonction publique « … a pour mission, dans le respect de l’intérêt général et de l’égalité des personnes auxquelles elle s’adresse ou s’applique, de fournir au public, d’une façon régulière et continue, les services d’intérêt général conformément aux politiques arrêtées« .
Et c’est bien pour garantir la continuité de ce Service public que cette même loi institue le régime d’incompatibilité défini à l’article 64. Concernant les Partis politiques, les Syndicats et les Fédérations sportives, cette incompatibilité concerne le: « membre permanent du bureau directeur ou executif ».
Si l’on peut entendre par membre permanent, la personne qui occupe une fonction de manière stable et continue, en contrepartie d’une rémunération, dans les Partis politiques membres de la Coalition, comme dans l’ensemble des Partis politiques et l’ensemble des syndicats, les responsabilités dans les bureaux directeurs ou exécutifs ne constituent pas des emplois permanents et ne sont pas rémunérées au sens de l’article 64 de la loi 1/2005.

En conséquence, l’application immédiate aux Partis politiques, aux syndicats et aux fédérations sportives, des dispositions de l’article 64, concerne uniquement le Parti Démocratique Gabonais. Ce Parti, il faut que nos concitoyens et le monde entier le sachent, est financé par les fonds publics. Ce sont bien les impôts des Gabonais qui assurent le fonctionnement du PDG et la rémunération des nombreux permanents qui sont à son service. Le PDG ne pourra faire croire à personne que les 300 millions de Fcfa qu’il dépense chaque mois pour payer les salaires de ses permanents proviennent
des cotisations de ses membres. La Cour des Comptes pourrait aisément mettre en évidence les milliards qui sont prélevés chaque année sur les fonds publics pour financer le PDG. Et si le Pouvoir conteste les affirmations de la coalition, nous le mettons au défi d’accepter une enquête parlementaire sur le financement des partis politiques et de rendre publiques les conclusions de ce rapport.

Une autre interprétation de l’article 64 de la Loi 1/2005, qui conduirait à placer d’office en position de détachement ceux des fonctionnaires qui, à titre bénévole, seraient membres des bureaux directeurs ou exécutifs des Partis politiques et Syndicats, confirmerait l’intention du Pouvoir d’entraver le fonctionnement des instruments de la démocratie et de bâillonner les forces vives de la Nation qui expriment clairement les préoccupations des populations et défendent leurs droits.

Le Gabon se veut un État de droit et nous entendons qu’il le soit. En conséquence, la coalition invite les Partis politiques partisans du changement, les syndicats et tous les autres acteurs du corps social national à ne pas céder à cette ultime manœuvre d’intimidation et à tout mettre en œuvre pour défendre leur droit à la libre expression démocratique.

Du reste, à l’examen et à l’analyse des articles 64 et 65 de cette loi 1/2005, par le seul fait que ces textes ne définissent pas la notion « d’emploi permanent » nécessaire à la constitution de l’incompatibilité, le recours à un texte d’application se révèle indispensable, c’est-à-dire préalable à la mise en application des articles considérés. De plus, ni le Code du travail, ni la loi 18/92 fixant les conditions de constitution et de fonctionnement des syndicats des agents de l’État ne se sont pas préoccupés de donner cette définition.
Par rapport à cette absence de texte d’application et d’une définition législative ou réglementaire de la notion d’emploi permanent opposable à tous, l’application des articles 64 et 65 de la loi 1/2005 apparait précipitée et subjective, une application qui laisse la porte ouverte à toutes les supputations.

Si le Gouvernement vient à prendre unilatéralement la décision de mettre d’office en détachement des agents publics du fait de leurs engagements citoyens, nous invitons les Partis politiques, les Syndicats et les Fédérations sportives à demander à leurs membres de saisir le Conseil d’Etat pour excès de Pouvoir.

Le Gouvernement aurait tort de vouloir utiliser le bâton pour contraindre les syndicats à faiblir dans leurs positions, en faisant fi de leurs justes revendications. Les faits sont là et ne mentent pas: l’agent public, qu’il s’exprime publiquement à travers son syndicat ou qu’il soit contraint au silence de par son statut, vit dans un malaise profond du fait de conditions de travail difficiles, de revenus couvrant à peine ou pas du tout les charges mensuelles du ménage, de profils carrières incertains.
C’est l’absence de solutions concrètes et durables apportées par ce Pouvoir à leurs revendications qui explique la mobilisation actuelle des Syndicats. Le Pouvoir, se sachant illégitime et se révélant désormais incapable d’apporter des réponses
crédibles aux maux qui minent notre pays, ne pourra indéfiniment se cacher derrière l’arrogance, le recours à la force et les manœuvres de diversion qui ne trompent personne.

La démarche du Gouvernement voudrait laisser croire à l’opinion que les responsables des syndicats, des fédérations sportives et des partis politiques sont de mauvais fonctionnaires qui délaissent leurs responsabilités au service de l’État. Cela est inexact et même outrageant.

SUR LE REPORT DES ELECTIONS

Le 30 octobre 2009, la Cour Constitutionnelle, saisie la veille par le Premier Ministre, a décidé de renvoyer au premier semestre 2010, donc de reporter de 8 mois la tenue des élections législatives partielles des 4 sièges de députés anciennement occupés par Casimir OYE MBA, Jean EYEGHE NDONG, Paulette MISSAMBO et André MBA OBAME.

Avant même de se prononcer sur-le fond de cette décision, la Coalition s’interroge et s’inquiète de la liberté que la Cour Constitutionnelle prend désormais avec les règles de procédure que lui impose la loi organique 9/91 modifiée relative à cette institution.
En effet, l’article 26 de cette loi organique dispose que: « Aucune décision ne peut être rendue, aucun avis ne peut être émis si la requête ou la demande n’a fait au préalable l’objet d’une instruction, diltgentée par un rapporteur désigné par ordonnance
du président de la Cour Constitutionnelle parmi les membres de cette Cour! »

Il est surprenant, voir suspect, que la Cour ait pu en 24 heures rendre une décision dans le respect des règles de procédure que lui impose la loi. Sur le fond, il convient de rappeler ici que dans sa précédente décision en date du 12 septembre 2009, la Cour Constitutionnelle avait elle-même fixé la date de ces élections au mois de novembre 2009, dans le respect des dispositions pertinentes du Code électoral.

Pour rendre cette surprenante décision, la haute institution évoque le cas de force majeure que constituerait le défaut de disponibilité d’un budget pour organiser cette élection partielle.

Il est regrettable d’observer sur ce point qu’au lieu de rester fidèle à l’esprit de la loi allant dans le sens de restreindre les cas de force majeure, la Cour Constitutionnelle se livre à l’extension de cette notion au gré des intérêts du Pouvoir.
La Cour Constitutionnelle, en rendant cette décision vient confirmer ce qui s’est définitivement révélé à l’opinion dans sa gestion partisane de la transition. Nous sommes désormais en face d’une institution qui s’est définitivement détournée de sa mission gardienne de la Constitution pour servir les intérêts d’un clan qu’elle a contribué à placer au Pouvoir.

Au mois de juillet dernier, lorsqu’il s’est agi de l’élection Présidentielle anticipée, la Cour n’a accordé que 45 jours de report tout en constatant le cas de force majeure. Comment comprendre qu’aujourd’hui la même Cour, pour les mêmes motifs, accorde 8 mois de report pour organiser des élections législatives sur seulement 4 sièges de député et un siège de sénateur?

Le coût de l’organisation de ces élections partielles ne peut objectivement excéder une dépense financière de 100 millions de Fcfa

Comment expliquer que le même Gouvernement qui s’autorise aujourd’hui des villégiatures à la , Lopé avec le coût que cela laisse supposer, le même Gouvernement qui s’autorise l’achat de véhicules d’appoint, veuille priver des dizaines de milliers de Gabonais de leur représentation légitime à l’Assemblée Nationale pour une si longue période?

En réalité, la décision de la Cour Constitutionnelle cache mal la crainte du Pouvoir qui sait pertinemment que ces élections partielles seront l’occasion de lui infliger la démonstration de son illégitimité. Ces élections partielles donneront l’occasion au peuple Gabonais de rappeler au Pouvoir son imposture.

Ce que vise en réalité ce report, c’est donner au Pouvoir le moyen et le temps d’organiser la fraude, de manipuler encore plus le fichier électoral et planifier le transfert des électeurs.

Ce que redoute le Pouvoir, c’est l’arrivée de ces leaders pour renforcer l’opposition parlementaire face à un Gouvernement d’amateurs. Dans cette situation, la Coalition des Groupes et Partis Politiques pour l’Alternance demande aux populations de ne pas se laisser distraire par les effets d’annonce et de rester mobilisées pour combattre les mesures qui portent atteintes aux libertés d’opinion, d’expression et d’association et
qui concourent au recul de la démocratie chèrement acquise dans notre pays.

Parce que le Pouvoir veut bâillonner les syndicats et les partis politiques, la Coalition appelle vigoureusement toutes les forces vives de la Nation à défendre leurs droits fondamentaux. Aucune petite histoire de clan ne peut et ne pourra jamais justifier que l’on sacrifie l’espérance du peuple Gabonais qui a exprimé le 30 août dernier dans les urnes et qui exprime encore aujourd’hui sa réelle volonté de changement!

La Coalition continue de rappeler que le régime actuellement au Pouvoir, issu du coup d’État électoral du 03 septembre 2009 avalisé par la Cour Constitutionnelle dans sa décision du 12 octobre 2009, est une dictature émergente.

Nous vous remercions.

Fait à Libreville, le 10 novembre 2009.

Gabon: l'opposition à Ali Bongo parle d'une "dictature émergente"

(AFP) – LIBREVILLE —

Une coalition de partis d'opposition et de candidats battus à l'élection présidentielle du 30 août au Gabon a critiqué mardi les dernières mesures du gouvernement d'Ali Bongo, parlant de "dictature émergente".
"La coalition continue de rappeler que le régime (...) est une dictature émergente", a déclaré à la presse le porte-parole de la coalition, l'ancien Premier ministre Jean Eyéghé Ndong en référence au "Gabon émergent" qu'Ali Bongo a promis aux Gabonais lors de sa campagne électorale.

Pour la coalition, la décision de la Cour constitutionnelle de reporter des élections législatives partielles destinées à renouveler les sièges de quatre députés exclus en juillet par le parti au pouvoir - dont les ex-ministres et candidats André Mba Obame, Casimir Oyé Mba et Eyéghé Ndong- est "surprenante".
Cette élection qui devait initialement être organisée en octobre se tiendra au cours du premier semestre 2010.
La décision de la Cour "cache mal la crainte du pouvoir qui sait pertinemment que ces élections partielles seront l'occasion de lui infliger la démonstration de son illégitimité", a dit M. Eyéghé Ndong.

Elu à l'issue d'un scrutin contesté, Ali Bongo Ondimba, fils aîné du président Omar Bongo Ondimba décédé en juin, a été investi président le 16 octobre. Il a notamment promis de mettre un terme à la corruption et au clientélisme.

La coalition a aussi commenté "l'application spécieuse" par le nouveau gouvernement d'un article de loi qui interdit à un fonctionnaire d'exercer des responsabilités syndicales à moins d'être détaché de la fonction publique. L'opposition reproche notamment au gouvernement sa volonté de l'étendre aux partis politiques et aux fédérations sportives.

Le gouvernement "voudrait laisser croire (...) que les responsables des syndicats, des fédérations sportives et des partis politiques sont de mauvais fonctionnaires (...). Cela est inexact et même outrageant", a affirmé M. Eyéghé Ndong.


Copyright © 2009 AFP.

lundi 9 novembre 2009

Gabon : Les vertus civiques du drapeau national

Les décisions prises par le gouvernement suggèrent implicitement que la société gabonaise est confrontée à une crise de citoyenneté. L’effet conjugué de ces deux décisions va-t-il ensemencer dans la société gabonaise une culture citoyenne et extraire en elle l’incivisme contre lequel le gouvernement veut s’attaquer?

Promouvoir une société éprise des valeurs citoyennes est une préoccupation constante de tout gouvernement. L’érection d’une telle société est surtout fonction de la manière dont la citoyenneté est vécue. Les Institutions gabonaises, garantes de la pleine jouissance de celle-ci, sont-elles perçues par le Gabonais comme impartiales et au service de son développement et de sa prospérité?

L’exubérance du confort matériel dans lequel vit une tranche de la société contraste avec l’extrême pauvreté dans laquelle baigne près de 80% de la population. La société à deux vitesses qu’instaure cet écart social fragilise la citoyenneté et accélère l’inflation de l’incivisme.

Face à la tiédeur des politiques publiques envisagées pour résorber cet écart, beaucoup de Gabonais se perçoivent comme des citoyens de seconde catégorie. Bien qu’elle soit diffuse, cette perception crée un profond malaise dans la société. A ce malaise s’ajoute celui de la nation gabonaise qui tergiverse parfois à embrasser avec la même bienveillance, toutes ses filles et tous ses fils.

La dernière élection présidentielle a fait ressurgir de manière exacerbée, la question de la citoyenneté de plusieurs catégories de Gabonais. Un enfant issu d’un couple mixte ou un citoyen naturalisé ont-ils les mêmes droits qu’un Gabonais de souche?

Si en théorie ils l'ont, dans la vie courante cependant ils se perçoivent comme des citoyens de seconde catégorie. Ne serait-ce que parce qu’ils sont exclus de la fonction suprême comme leurs enfants. Par ailleurs, le soupçon sur la nationalité est si vif que ceux des Gabonais issus des provinces frontalières sont souvent considérés comme des citoyens issus de l’immigration.

Au delà de ces deux décisions du gouvernement, il serait souhaitable qu’une réflexion de fond soit menée pour mieux soigner ces malaises et permettre à la nation gabonaise de dorloter ses enfants avec la même comptine et leur assurer le même destin. Ce n’est que dans ces conditions qu’ils porteront haut les couleurs de la République et perpétueront les vraies valeurs de la nation gabonaise.

Publié le 07-11-2009    Source : gaboneco     Auteur : gaboneco 

Gabon : La tension syndicale monte

Koaci.com Libreville -

Le week end dernier, les enseignants du primaire et des secondaires membres de la convention des syndicats du secteur éducation au Gabion, CONASYSED, ont décidé pour poursuivre leur mouvement de grève entamé depuis le lancement de la rentrée des classes le 5 Octobre dernier.

C’était à la faveur d’une assemblée générale organisée à Libreville, et durant laquelle, les délégués chargés de discuter avec les autorités, ont fait état de la léthargie enregistrée dans le traitement de leurs préoccupations, contenues dans un protocole d’accord passé il y a quelques mois avec le gouvernement. Dans le compte rendu de leur récente rencontre avec le premier ministre Paul Biyoghe Mba, en présence du ministre de l’éducation nationale Séraphin Moundounga, les délégués des enseignants grévistes ont déploré le fait aucune de leurs revendications n’ait été prise en compte à ce jour, en dépit du dialogue sociale entamé depuis plus de trois mois avec le gouvernement. Des revendications portant notamment paiement des rappels, régularisation des situations administratives, couverture totale de la prime d’incitation à la fonction enseignante, prise en compte des syndicats dans les commissions d’affectation, mutation, examens et concours.

Les enseignants grévistes disent également protester contre les affectations jugées disciplinaires, sous fond de velléités de tuer dans l’œuf, l’élan revendicatif syndical. Suite à ce tableau peu reluisant, les enseignants ont décidé de poursuivre dans la logique de la grève, malgré la décision des autorités de conditionner le paiement des personnels du secteur éducation, à la présentation d’un bon de caisse délivré aux personnes recensées sur leur lieu de travail, donc en activité. Un mode de paiement qui est loin de décourager de nombreux enseignants grévistes, qui ont payé le prix d’être privés de salaire durant le mois d’Octobre dernier, pour n’avoir pu entrer en possession de bons de caisse lors d’une tournée d’inspection de la tutelle sur le terrain.

A côté des ces enseignants grévistes, se sont les conducteurs de véhicules à usage de taxi à Libreville, qui ont observé dans la matinée de samedi dernier un mouvement d’humeur, qui a été caractérisé par un arrêt momentané de travail qui a porté un coup sérieux au fonctionnement de l’activité socio économique, contraignant notamment de nombreux piétons à observer malgré eux l’activité dite ‘’marche à pied’’. Les taximens dans la capitale gabonaise menacent d’entrer en grève dans les prochains jours, si rien n’était fait pour mettre un terme à ce qu’ils qualifient de racket à outrance des forces de l’ordre, qui met à mal leurs recettes journalières, avec des incident au final sur leurs revenus mensuels.

Outre ces rackets des forces de l’ordre, les taximens se disent victimes d’un conflit de compétence entre les autorités municipales des communes voisines de Libreville et Owendo, avec à la clé des arraisonnements par les autorités municipales d’Owendo, des taxis enregistrés par les services municipaux de Libreville, et qui osent franchir comme habituellement pourtant, la limite territoriale entre ces deux communes voisines, pour aller soit chercher ou déposer des clients. Se sont les personnes non véhiculées qui sont les victimes collatérales de ces rackets et de ce conflit de compétence administrative au niveau des responsables municipaux.

Sources : http://www.afriscoop.net/journal/spip.php?breve619

dimanche 8 novembre 2009

Après Jean, un coup de pouce de l'Elysée pour Pierre Sarkozy

Par Augustin Scalbert | Rue89 | 07/11/2009 | 20H33

Un conseiller de l'Elysée est intervenu auprès de la SCPP afin qu'il obtienne pour son projet musical l'aide qu'on lui avait refusée.


Pierre Sarkozy (à gauche) avec son frère Jean, Eric Besson et Bruno Lemaire à Colleville en juin 2009 (Ph. Wojazer/Reuters)

Le site Electronlibre.info révèle une information plutôt gênante, après plusieurs semaines de polémique sur Jean Sarkozy : alors que la Société civile des producteurs phonographiques (SCPP) lui avait refusé une aide, son frère Pierre Sarkozy, producteur de rap, est allé se plaindre à l'Elysée. Après intervention d'un conseiller de son père, la direction de la SCPP aurait promis de tout arranger…
ElectronLibre, un site spécialisé dans l'actualité high tech, médias et culture, est très lu par les acteurs de ces secteursn, et considéré comme très fiable.
Joint par Rue89, le directeur général de la SCPP Marc Guez reconnaît qu'un conseiller de l'Elysée est intervenu auprès de lui, après le refus de la commission prononcé en septembre :
« Je lui ai répondu qu'on n'avait pas attribué d'aide à la société dont Pierre Sarkozy est actionnaire pour des raisons de manque de budget, et que nous avons préféré privilégier les membres de notre association. Il est très rare que nous versions des aides à des non-membres, même si c'est déjà arrivé.
Mais ce conseiller ne m'a pas demandé de faire en sorte que cette aide lui soit versée. De toute façon, je n'aurais rien pu faire, puisque la commission qui attribue les aides est indépendante. »
Marc Guez aurait pourtant répondu par e-mail, il y a moins de dix jours, qu'il faisait « une affaire personnelle » du dossier de Pierre Sarkozy. Ce dernier, qui a notamment produit un album de Doc Gyneco, cherche des financements pour un projet évalué à environ 80 000 euros. Sa demande d'aide porterait sur un montant inférieur à 10 000 euros.

Une « simple » demande d'explication ? Mais pourquoi de l'Elysée ?

Le conseiller culture de l'Elysée, qui en raison de ses fonctions connaît bien le secteur du disque, a donc essayé d'arranger cet humiliant revers.

Car pourquoi aurait-il simplement demandé une explication au directeur général de la SCPP, alors qu'il est notoire dans le milieu qu'elle n'accorde des aides qu'à ses membres, sauf rares exceptions ? Entre-t-il dans les attributions d'un conseiller du président de la République de savoir pourquoi le dossier de son fils a été refusé par un organisme indépendant ?

Très affirmatif sur ce point, ElectronLibre écrit :
« Dernièrement, la direction générale de la SCPP, contactée par le Château, s'empressa d'apporter toutes les garanties, que lors de la prochaine commission, l'affaire serait réglée dans le sens qu'il convient ».
Le conseiller en question n'a pas encore pu être joint, samedi soir.
source : http://www.rue89.com/2009/11/07/apres-jean-un-coup-de-pouce-de-lelysee-pour-pierre-sarkozy-125100

samedi 7 novembre 2009

Ces gabonais qu’on achète : le poids de la corruption au gabon, qui est le coupable ?

Ces gabonais qu’on achète : le poids de la corruption au gabon, qui est le coupable ?
 

Plusieurs études sur les petits dragons du Sud-Est asiatique démontrent qu’en dix ans la pratique des pots-de-vin a coûté à ces États autant que leur dette. Dans de nombreux pays d’Afrique, les dessous-de-table que les entreprises privées doivent payer aux fonctionnaires pour décrocher une commande atteignent parfois les 35% du contrat. Le Gabon n’est pas en reste et son classement dans la liste des pays corrompus est peu honorable. La réalité démontre en effet que tous les secteurs de la société sont touchés et la création d’un ministère chargé de lutter contre ce cancer économique de même que l’existence des ONG telles que “Publiez Ce que vous Payez” ou “On ne m’achète pas - Transparence Gabon” est symptomatique d’une prise de conscience et d’une volonté d’en sortir. On dit cyniquement de la corruption qu’elle est, avec la prostitution, le plus vieux métier du monde. Si la prostitution représente une mise en location d’un corps, la corruption est la mise en vente d’une conscience. Descente dans l’univers de ces gabonais qui font commerce de leur intégrité.

 
Prononçant un discours, le 2 décembre dernier, à l’occasion de la célébration du 40e anniversaire de son accession au pouvoir, le président de la République gabonaise, Omar Bongo Ondimba, avait, entre autres, fustigé les “détournements”, la “course pour l’enrichissement illicite”, la “corruption” et “l’impunité ambiante” dans la haute fonction publique.

Non sans avoir souligné que ces maux ont été autant de freins pour le développement du pays, le chef de l’État donnait là un signal pour que s’accentue la lutte contre ces calamités. Ce qui est d’autant plus pertinent que, depuis près d’une décennie, les institutions financières internationales et l’Union européenne font de la transparence dans la gestion économique et de la bonne gouvernance, des conditions essentielles à l’aide au développement.

Le Gabon, à ce propos, ne jouit pas d’une position reluisante. Malgré la création en 2002 d’un ministère du Contrôle d’État, des Inspections, de la Lutte contre la Corruption et de la Lutte contre l’Enrichissement illicite, le pays figurait en 2005 dans la catégorie des pays ayant un niveau de corruption endémique avec une note inférieure à 3/10, selon L’ONG Transparency International. Cette organisation, qui établit le palmarès mondial du degré de corruption au sein des administrations publiques et de la classe politique de différents pays, avait classé le Gabon, en 2006, au 11e rang des pays les plus corrompus d’Afrique.

Le ministère du Contrôle d’État, des inspections, de la Lutte contre la Corruption et de la Lutte contre l’Enrichissement illicite a mis en place, depuis 2003, une Direction générale de la Lutte contre la corruption et une Commission nationale de Lutte contre l’Enrichissement illicite qui s’est fait remarquée ces derniers temps par la publication de la liste des dépositaires de l’autorité de l’État qui ont refusé de se soumettre à la formalité de déclaration de fortune.

Ces listes, publiées dans le quotidien “L’union” ont fait jaser certains et fait rire ceux qui estimaient, à l’instar de Gérard A., étudiant, que “les vrais corrompus du pays n’y figuraient pas. Il aurait fallu donner l’exemple en publiant les noms des caïds, connus de tout le monde, qui se sont toujours montrés intouchables. La publication de ces listes tenait de la diversion pure.”

Les 3 et 4 décembre 2003 avait eu lieu à Libreville un séminaire atelier visant à préparer le “Programme national de gouvernance et de lutte contre la corruption”. Les travaux de ce séminaire avaient permis d’officialiser quelques données sur l‘ampleur de la corruption au Gabon. Notamment à travers la communication de M. Florent-Georges Rerambyah alors directeur général de la Lutte contre la corruption, qui avait décliné, entre autres, la nature et les causes de la corruption, la fréquence de corruption, les secteurs d’activités exposés à la corruption. Il s’agissait des résultats d’une pré-enquête qui devait être approfondie mais ne l’a jamais été. Toutes choses qui démontrent l’existence à grande échelle de la corruption au Gabon ainsi que la volonté des pouvoirs publics à lutter contre ce fléau.

La notion de corruption

La corruption, il faut l’avouer, n’est pas facile à circonscrire en ceci que ses acteurs trouveront toujours à redire. Comment en effet établir une ligne de démarcation entre la corruption et l’obligeance ? A partir de quel moment peut-on dire qu’il y a un corrupteur et un corrompu ?

D’autant plus que ceux qui sont concernés appartiennent à toutes les sphères d’activité et disposent de tout un arsenal d’arguments pour soutenir que le corrompu ne s’est pas enrichi personnellement ou que les intentions du corrupteur n’étaient pas, à l’origine, de nature frauduleuse. On peut toutefois dire que la corruption est l’utilisation et l’abus de pouvoir à des fins privées. C’est une pratique illicite traitée dans les articles 144 et 146 du Code pénal gabonais.

La notion comporte de nombreux autres aspects, ainsi que le démontre la Banque mondiale qui retient les formes suivantes de corruption :

- Les “dessous de table” qui sont des versements à des responsables officiels afin qu’ils agissent plus vite, de façon plus souple et plus favorable ;

- La “fraude” qui consiste en la falsification de données, de factures, la collusion etc. ;

- “L’extorsion” qui est l’obtention d’argent par la coercition ou la force ;

- Le “favoritisme” qui s’inscrit dans le cadre du népotisme ou de la collusion et qui consiste à favoriser des proches ;

- Le “détournement”, défini comme le vol de ressources publiques par des fonctionnaires ;

Même si on la rencontre dans tous les secteurs de la société et à tous les niveaux, la corruption a pour lieu d’élection l’administration publique.

Pour illustrer ce qui précède, Alain O, entrepreneur, assure par exemple que “la procédure de règlement par le Trésor public d’une facture nécessite au préalable de nombreux visas délivrés au ministère des Finances. Il faut, à chaque étape donner un peu d’argent à celui qui doit apposer le cachet et la signature. Faute de quoi, votre facture se retrouve bloquée. Cette pratique s’est institutionnalisée et il est devenu normal sinon obligatoire de glisser quelques billets dans le dossier pour le voir passer les différentes étapes. Cet argent ne va nulle par ailleurs que dans les poches du fonctionnaire à qui on le donne.”

La corruption peut donc concerner toute personne bénéficiant d’un pouvoir, que ce soit une personnalité politique, un fonctionnaire, un cadre d’une entreprise privée, un médecin, un arbitre ou un sportif, etc.

Siméon Ekoga, président du Rassemblement Démocratique du Peuple Gabonais (RDPG) affirme que “la passation de marchés publics se passe de façon occulte, sans autre forme de procédure. Et certains élus qui sont souvent associés à ces dossiers, à l’instar des grands travaux ne sont pas exempts de tout soupçon bien au contraire, ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère.”

Corruption passive et corruption active

On distingue la corruption active de la corruption passive. La corruption active consiste à proposer de l’argent ou un service à une personne qui détient un pouvoir en échange d’un avantage indu. On n’en voudra pour exemple que les taximen qui refusent de se conformer à la réglementation en matière de transport en commun qui, pour éviter la fourrière, proposent aux policiers, à chaque contrôle, un petit billet. Mais, il en va de même pour le policier qui, ayant constaté une infraction, demande “quelque chose” pour laisser le taxi circuler.

La corruption passive consiste à accepter l’argent, mais aussi à proposer ou à créer des conditions de paiement. Un exemple classique au Gabon est celui des présentateurs de télévision qui acceptent quelques billets de 10 000 francs en vue de recevoir sur leur plateau des gens qui tiennent vraiment à y passer ou encore des journalistes qui acceptent “l’argent du taxi” qui les obligera à traiter et publier un reportage.

Parfois la corruption est à la fois active et passive. A cet effet, l’exemple de la fiche bleue, qui permet l’introduction d’un dossier d’intégration à la Fonction publique, fera foi. De nombreuses personnes affirment l’avoir acheté alors qu’il s’agit d’un formulaire non payant. Ceux des fonctionnaires qui sont censés la fournir aux requérants en déclarent la pénurie afin de la monnayer. Au-delà de la vente de fiche bleue, le ministère de la Fonction publique est le théâtre de la corruption aussi bien passive qu’active.

Une secrétaire à la Primature s’est dernièrement plaint de ce qu’une de ses connaissances à ce ministère s’était accaparé son dossier d’avancement en vue de lui extorquer de l’argent. “Je ne lui avais rien demandé. Il m’avait simplement vu dans les couloirs du ministère et a fini par savoir que j’y avais introduit un dossier. A ma grande surprise, il m’a téléphoné pour me dire qu’il a récupéré le dossier pour m’aider à accélérer la procédure. En réalité, il l’a mis sous son coude pour me faire croire à quelques difficultés et au bout d’un certain temps, il me harcelait au téléphone pour que je “paye le Coca” à son collègue qui, soi-disant, bloquait mon dossier et qui n’était autre que lui-même. Je me suis résignée à lui donner 20 000 francs pour qu’il ne me complique pas davantage les choses.”

Panorama de la corruption au Gabon

Abus de biens sociaux, détournements de fonds, enrichissements personnels, emplois fictifs ou délits d’initiés sont les formes de corruption les plus répandues aujourd’hui et la liste de personnalités politiques ou publiques condamnées ou mis en examen s’allonge au fil du temps : Hervé-Fulgence Ossami, Ngoleine Ossouka, Alain-Claude Billié Bi Nzé, Minko mi Esonne…

Devant cette avalanche d’“affaires”, l’opinion publique gabonaise fait dans l’ironie avec des phrases du genre “le mouton broute là où il est attaché. Mais il ne faut pas brouter la corde” ou verse dans la résignation à travers les “on va encore faire comment. C’est eux-mêmes eux-mêmes”. Il est aussi vrai que depuis l’ouverture démocratique intervenue en 1990, la presse n’a pas arrêté de mentionner ou de dénoncer des cas de corruption mais très peu de condamnations ont été constatées. Jean-Bédel Moussoudou, substitut du procureur de la République, assure en effet que les plaintes pour corruption n’arrivent presque jamais au tribunal.

On ne saurait donc tenir un inventaire sur la condamnation de délits tels que la corruption, le trafic d’influence, l’ingérence ou la prise illégale d’intérêt. De même, les différents rapports annuels de la Cour des comptes ne font pas mention de cas de corruption.

Pourtant, la corruption gangrène aujourd’hui presque toutes les couches de la société. Selon ce qu’on peut lire de l’enquête sus-citée, réalisée par M. Florent-Georges Rerambyah, les secteurs les plus touchés par la corruption sont les organisations internationales, la Direction générale des prix, les Travaux publics et les douanes tandis que le “pourcentage à verser pour l’obtention d’un marché public est évalué de 10 à 20% voire de 40 à 50%”.

Le rapport Rerambyah relève que les principales causes de la corruption sont le faible niveau des salaires, l’impunité, l’absence de rigueur dans la gestion des comptes de l’État. Au titre des procédés généralement employés par les usagers d’une administration pour solliciter un avantage illégal, ledit rapport énumère le concours d’une relation haut placée, la recherche et l’utilisation d’une relation (ami, frère…) ou la médiation d’un agent. D’un autre côté, les agents de la fonction publique ou du secteur privé peuvent, pour obtenir un bakchich ou autre avantage, faire attendre un dossier, solliciter une récompense ou harceler sexuellement un client.

Les exemples ne manquent pas pour illustrer ces différents procédés de corruption. On pourrait commencer par l’université Omar Bongo où il a été relaté qu’en 2005, un professeur de linguistique générale à l’Université Omar Bongo exigeait à chacun de ses étudiants une somme de 2 000 francs CFA pour obtenir ses cours polycopiés qui, normalement, devaient être dictés. Ledit professeur est allé jusqu’à donner une date butoir au-delà de laquelle tout étudiant qui n’aurait pas versé cette somme devait être rayé de ses effectifs.

Le business des “petits chefs”

L’obtention ou le renouvellement de pièces d’identité, est l’un des lieux de prédilection de la corruption. Le 14 janvier dernier, Thierrey Minlame Moto, un agent du service social de la Direction générale de la documentation et de l’immigration (DGDI) a été mis aux arrêts pour avoir a été identifié comme le cerveau d’un réseau de faussaires et trafiquants de documents administratifs, notamment de passeports. Une somme de 20 000 FCFA était exigée pour le renouvellement d’un passeport, le double pour un traitement express et pour les demandes de visas et premiers établissements de passeport.

Plus récemment, de nombreux agents de la préfecture de Bitam ont été arrêtés pour falsification régulière de documents d’État-civil contre des sommes allant de 5 000 à 100 000 francs CFA.

Le 14 janvier dernier, le ministre de la Défense, Ali Bongo Ondimba, a condamné publiquement et mis en garde les agents des forces de police et les éléments de l’armée qui se laissent corrompre ou rackettent les citoyens. On recense en effet au sein des forces de l’ordre les cas de corruption les plus inédits. Il y a quelques années, par exemple, Jean-Hilaire Pambou, repris de justice récidiviste, offrit un casse-croûte et une cuite à trois gendarmes qui mirent aux arrêts une ex-amante refusant de renouer avec sieur Pambou.

Les trois maréchals de logis, Joseph Owari, Martin Mbera et Mbena Guemi, furent entendus et sévèrement punis par leur hiérarchie non sans avoir remboursé les 500 000 francs CFA qu’ils avaient dérobés lors du rapt de Claudine Mboumba, dans un domicile où celle-ci travaillait comme dame de ménage.

Un journaliste a confié à l’Agence de presse africaine (APA) que la corruption est monnaie courante dans les milieux du football gabonais. ‘‘Elle se manifeste notamment par l’achat des décisions de l’instance fédérale, le trucage des matchs.’’ En 2003, l’équipe de football Jeunesse sportive de Libreville (JSL) s’était fait payée pour se faire battre par l’Union sportive de Bitam (USB). Les joueurs avaient reçu 25 000 francs CFA chacun et les dirigeants beaucoup plus. Le scandale ayant éclaté, Albert Rismo Obiang, entraîneur de l’USB, et Brice Mondambo, son gardien des buts, durent être radiés de l’équipe.

Mais, le plus grave, est la part invisible de la corruption, celle dont la presse ne parle que rarement ou dont elle ne peut pas parler, celle qui touche uniquement les administrations publiques et l’argent des contribuables. Si les chefs d’entreprise condamnés à la prison ferme sont nombreux, on ne peut pas en dire autant des politiques ou des hauts fonctionnaires coupables des méfaits peut-être encore plus graves. Car ces derniers bénéficient de relations, sont protégés par l’immunité parlementaire et peuvent se cacher derrière l’opacité des fonds publics. Le cas du milieu scolaire

Les MST (Moyennes sexuellement transmissibles), qui participent de la corruption ont été suffisamment évoquées (Cf. Business Gabon N° 6) pour ne pas être reprises ici. Mais le milieu scolaire enregistre d’autres types de corruption. Notamment pour l’inscription des élèves dans les établissements scolaires publics trop sollicités.

Elle s’étend jusqu’à l’achat de diplômes. Durant l’année scolaire 2002-2003, de nombreux candidats au baccalauréat affirmaient qu’on “ne rate le bac à Oyem que si on n’a pas d’argent”. Un centre d’examen national y avait nouvellement été créé. Les informaticiens qui y avaient été affectés, introduisaient, en contrepartie d’argent, des noms dans les listes proclamant le succès aux examens. Ce, même au mépris du niveau requis pour l’accession à ces examens.

“Il suffisait d’être connu du Secrétaire général du ministère d’alors, Monsieur Médéné M’ekwa Félicien, ou des informaticiens, ou alors d’avoir de l’argent pour obtenir son bac même avec un niveau de 6è”, affirme un agent du ministère de l’Éducation nationale. Cette vente de diplômes n’était toutefois pas l’exclusivité de la ville d’Oyem.

D’autres centres de baccalauréat enregistrèrent les mêmes cas de corruption massive et la presse fit grand bruit de l’arrestation, en juin 2003, de MM. Rufin Ango Gwa, Albert Mouenbo, Thierry Bevam, Marc Essono, Bertrand Ndong, Fabien Obiang Abessolo, tous informaticiens alors chargés de la centralisation des résultats des différents centres d’examen du B.E.P.C à Libreville et à l’intérieur du pays. La plupart d’entre eux reconnurent durant leur interrogatoire avoir perçu, des parents d’élèves et de certains candidats libres, des sommes allant de 100 à 350 000 francs CFA.

Le coût de la corruption

Il est extrêmement difficile de savoir combien coûte la corruption à l’État gabonais. Si la Direction générale des marchés publics ne saurait dire le montant des factures concernant les marchés publics qui échappent à son contrôle, comment savoir exactement combien coûte au contribuable la corruption dans les organismes publics et parapublics ?

L’exemple du seul marché, problématique, de fourgons blindés du Trésor public, surfacturé à 3,6 milliards francs alors qu’on estime aujourd’hui leur coût réel à environ 800 millions, donne une idée de l’argent que peut perdre l’État gabonais. De même, la pratique bien connue du “10%”, oblige certaines entreprises à procéder également à des surfacturations sans lesquelles elles mettraient très vite la clé sous le paillasson.

On ne saurait évoquer le coût de la corruption politique qui n’a pas été évoquée dans le présent article, mais on sait qu’à ce niveau circulent sous la table des sommes vraiment très imposantes qui ne sont pas moins extraites de l’argent public. Quelle est la part de cet argent utilisé pour des rémunérations occultes, frais divers, enrichissement personnel ou pour des emplois fictifs tels qu’ils ont été révélés au plus fort moment de l’Affaire Elf ?

Les organismes de lutte contre la corruption

La multiplication des affaires et le mauvais classement du Gabon dans les comparaisons internationales sur le degré de corruption de chaque pays ont poussé les autorités publiques à renforcer les mesures de lutte contre ce fléau et à multiplier les services et les organismes en charge de cette lutte.

Ainsi, à part la Cour des Comptes et le ministère du Contrôle d’État, des Inspections, de la Lutte contre la Corruption et de la Lutte contre l’Enrichissement illicite qui a mis en place la Commission nationale de Lutte conte l’Enrichissement illicite et la Direction générale de lutte contre la corruption, on devrait compter sur la Direction générale de la recherche (DGR), la police judiciaire et sa hiérarchie, la magistrature. Tous ces organismes dépendent de l’État et sont financés avec de l’argent public.

L’impartialité de ces services ne saurait être remise en question mais, lorsque de plus en plus d’affaires sont liées à l’argent public et concernent les représentants des administrations, il serait souhaitable de pouvoir compter aussi sur un organe privé, indépendant, au service de la Société civile, c’est à dire des contribuables.

C’est à ce propos que les ONG telles que “On ne m’achète pas -Transparence Gabon” ou “Publiez Ce que vous Payez”, adossé à l’Initiative de transparence dans les industries extractives (EITI), sont nécessaires dans le pays et ne devraient pas être regardées comme des ennemis du Gabon. Si un contrôle permanent des pouvoirs avait existé, les scandales dont on parle actuellement au Gabon ne se seraient peut-être jamais produits.

Les formes de corruption

La corruption est définie comme le fait d’“abuser d’une charge publique à l’avantage du secteur privé, d’un particulier ou d’un groupe à qui l’on doit allégeance.” Elle se manifeste lorsqu’un agent public accepte, sollicite ou extorque un paiement, ou lorsque des agents privés offre un paiement pour contourner la loi à des fins concurrentielles ou personnelles. On répertorie quatre formes étroitement liées de corruption.

La première forme correspond au pot-de-vin et au graissage de patte. Le pot-de-vin est le paiement que demandent des agents publics (ou offert par des agents privés) en échange de faveur comme un marché public. Le graissage de patte est l’argent payé à des fonctionnaires pour effectuer le travail pour lequel ils sont déjà payés, comme la délivrance d’un permis de conduire.

Au second rang figure la petite et la grande corruption. La petite corruption est la collusion entre un fonctionnaire et un membre du public pour contourner le système à propos de transactions relativement moins importantes. Elle implique donc majoritairement des fonctionnaires subalternes. Par contre, la grande corruption correspond à la subversion du système par de hauts fonctionnaires du gouvernement, des ministres et des chefs d’État.

En troisième lieu se trouve la corruption bureaucratique. Il s’agit de l’abus de la latitude des fonctionnaires pour modifier ou contourner des règles et règlements en échange de certains avantages. Elle survient le plus souvent lorsque d’importantes récompenses et pénalités se retrouvent sous le contrôle d’un agent.

Et pour finir, la corruption politique. Il s’agit du trafic d’influence et d’autorité par des dirigeants politiques et peu même englober l’octroi de faveurs, des irrégularités dans les campagnes de financement et la fraude électorale.

Petit lexique de la compromission

Le mot “dessous-de-table” est absolument sournois, cachottier. Il s’agit en général d’une somme d’argent qui vient s’ajouter au montant officiel de la transaction et donc qui échappe à toute taxe. Lorsqu’on parle “d’arroser”, il s’agit de payer des fonctionnaires pour qu’ils ferment les yeux, qu’ils laissent faire, tandis que l’expression “graisser la patte” renvoie au geste de remplir la main. La graisse étant associée à l’idée d’argent, de profit, et par extension de profit illicite.

Comme tout ce qui est interlope, la corruption fait recours à un vocabulaire spécifique, truffé d’allusions. Petit lexique non exhaustif des expressions les plus couramment utilisées dans les actes de corruption.
Bakchich : Mot provenant de l’Empire ottoman. Est utilisé pour désigner un pourboire, un pot-de-vin.

Gilette : Par allusion à un billet tout neuf qui ressemble à une lame de rasoir. Désigne, au Gabon, un pot-de-vin à un journaliste, pour un montant compris entre 5 000 et 50 000 F CFA.

Gombo : Terme d’origine camerounaise qui désigne le fait de monnayer un service normalement gratuit.

Installation : Terme créé par les journalistes du quotidien “L’union” pour désigner un reportage ayant rapporté à son rédacteur plus de 50 000 francs CFA en pot-de-vin.

Intronisation : Également créé par les journalistes de “L’union”. Désigne un reportage alimentaire ayant rapporté 500 000 francs CFA et plus.

Mange-mille : Policier africain véreux cherchant à verbaliser à tout prix.

Mouiller la barbe : Payer un pourboire.

Payer le Coca : Également payer un pourboire.

Saluer le képi du chef : Terme employé par les policiers gabonais pour demander un pourboire à un automobiliste en règle.

Le cas particulier de la corruption judiciaire

Une enquête menée par Transparency international révèle que plus de 30% des Gabonais en contact avec le système judiciaire au cours des 12 derniers mois ont dû verser un dessous de table et que 70% des personnes sondées ont qualifié de corrompu le système judiciaire gabonais. Selon plusieurs personnes ayant compulsé le rapport 2007 de Transparency international, de nombreux exemples qui y sont donnés pourraient trouver quelques similitudes avec le Gabon.

Selon Transparency International, “la corruption judiciaire désigne toute influence indue sur l’impartialité du processus judiciaire, par tout acteur du système judiciaire.”

“Par exemple, un juge peut accepter ou rejeter des preuves pour justifier l’acquittement d’un accusé coupable mais jouissant d’une position politique ou sociale élevée. Les juges et le personnel judicaire peuvent aussi influencer les dates de procès pour favoriser l’une ou l’autre partie. Dans les pays qui n’utilisent pas les comptes rendus intégraux des délibérations, les juges peuvent donner un résumé inexact des procédures judiciaires ou déformer les déclarations des témoins avant de prononcer un verdict acheté par l’une des parties au procès. Les employés de justice de rang inférieur peuvent encore ‘égarer’ un dossier – moyennant finance”

Parlant des pots-de-vins, le même rapport spécifie que ceux-ci peuvent “intervenir à tous les niveaux d’interaction du système judiciaire : les fonctionnaires de justice peuvent extorquer de l’argent pour des tâches qu’ils sont de toute façon tenus de faire, les avocats peuvent exiger des ‘honoraires’ supplémentaires pour accélérer ou repousser une affaire ou pour orienter leurs clients vers des juges connus pour rendre une décision favorable en l’échange d’un pot-de-vin.

Pour leur part, les juges peuvent accepter des pots de- vin pour retarder ou accélérer une affaire, accepter ou rejeter une procédure d’appel, influencer d’autres juges ou, simplement, trancher une affaire dans un sens donné. Les études menées en Inde et au Bangladesh rapportées dans cet ouvrage montrent bien que les renvois interminables de certaines causes poussent les gens à payer des pots-de-vin pour accélérer leur dossier.”

Quand les accusés ou les justiciables doutent déjà de l’honnêteté des juges et de la procédure judiciaire, ils sont beaucoup plus susceptibles de soudoyer les fonctionnaires de justice, les avocats et les juges pour parvenir à leurs fins.

NOS SOURCES
- Actes du séminaire atelier de lancement de l’étude sur le “Programme national de gouvernance et de lutte contre la corruption”
- Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI)
- Direction générale de la lutte contre la corruption
- PNUD Gabon
- Représentation de la Banque mondiale au Gabon
- Transparency international
- “Publiez Ce Que Vous Payez” - Gabon
- Transparence Gabon - “On ne m’achète pas”
- Archives du quotidien “L’union” (2003-2007)
- Archives du journal “La Griffe” (1996-2000)
- Archives du journal “N’ku’u le messager” (2005)



Source : Gaboneco

vendredi 6 novembre 2009

Ali Bongo devient grand maître de la franc-maçonnerie au Gabon

jeudi 5 novembre 2009 / par René Dassié


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Le réseau maçonnique, un allié de poids pour le nouveau régime.

Le grand maître de la Grande Loge nationale française (GLNF) a installé samedi dernier Ali Bongo à la tête de la franc-maçonnerie au Gabon. Un poste qu’occupait l’ancien président Omar Bongo. Au Gabon, la franc-maçonnerie compte un millier de membres influents dans la vie politique. Comme son père, Ali Bongo va pouvoir mobiliser les réseaux maçonniques pour asseoir sa légitimité

Ali Bongo, le nouveau président gabonais, a ouvert mercredi à Libreville, la conférence mondiale de la Franc-maçonnerie régulière [1]. Son père, Omar Bongo, décédé le 8 juin dernier, avait âprement négocié l’organisation de ce forum maçonnique, et se serait fortement réjouit comme à son habitude, d’accueillir ses « frères » venus du monde entier. Son fils qui a hérité de son pouvoir à la tête du pays le fera à sa place. Et sur le trône du chef de la franc-maçonnerie gabonaise qu’il a laissé vacant.

En effet, selon l’hebdomadaire français Le Nouvel Observateur, le ballet des franc-maçons français à Libreville, où l’on a vu des hauts initiés comme Alain Bauer - conseiller spécial pour le terrorisme à l’Elysée et président de l’Observatoire de la délinquance -, ancien grand maître du Grand Orient de France (de 2000 à 2003), participer aux cérémonies organisées autour du décès de Bongo père s’est soldé par l’élection d’Ali à la tête des deux obédiences locales, qui compte un millier de membres. François Stifani, le grand maître de la Grande Loge nationale française (GLNF), une des plus importantes obédiences maçonnique hexagonale avec ses 38 000 membres, a fait le déplacement de Libreville samedi dernier pour sacrer Ali Bongo, qui, bien qu’étant déjà initié, n’avait jusque-là que le grade d’assistant grand maître, c’est-à-dire trois niveaux au moins, en dessous du sommet, de la hiérarchie. Il est ainsi devenu à 53 ans, le grand maître de la Grande Loge du Gabon (GLB) et du Grand Rite Equatorial, les deux ordres que fréquentent les franc-maçons gabonais.
Ali Bongo sur les traces de son père

Pour Ali Bongo, cette promotion s’avère aussi importante que sa prestation de serment. Mal élu, le président a en effet grand besoin des réseaux « fraternels », pour asseoir son pouvoir encore fragile. Une stratégie mise au point et appliquée avec succès par feu Omar Bongo. Celui-ci avait en effet érigé les loges maçonniques en antichambre de recrutement de ses principaux collaborateurs, et s’en servait comme un moyen infaillible d’allégeance à son pouvoir.

Initié dans sa première loge maçonnique dès 1953, c’est-à-dire quatorze ans avant son accession à la magistrature suprême le 28 novembre 1967, Omar Bongo, véritable caméléon religieux qui se convertira tour à tour au catholicisme et à l’Islam au gré de ses intérêts, fondera deux ordres maçonniques de nature à lui attacher les « frères » de la classe politique française, toutes tendances confondues : le Grand Rite équatorial affilié au Grand Orient (GO) marqué à gauche, et la Grande Loge du Gabon (GLG), liée à la Grande Loge nationale française (GLNF), proche de la droite française. Pour avoir la confiance de Bongo père au Gabon, il fallait faire partie de l’une au moins de ses deux ordres. C’est ce que feront la quasi-totalité des hauts cadres du pouvoir gabonais.

Ceux qui refusent de se soumettre à ce diktat sont bannis, voire ridiculisés. Interrogé par Le Nouvel Observateur, Ernest Tomo, pasteur d’une église évangélique et candidat malheureux à la présidentielle d’août dernier, qui accuse les « frères » gabonais d’avoir orchestré son faible score électoral (308 voix, soit 0,09% des suffrages) raconte ainsi sa mésaventure.

Candidat à la présidentielle de 2005 contre Omar Bongo avant de se désister suite à une « inspiration divine », il est attiré au gouvernement, où l’ex-président le nomme ministre d’Etat et directeur adjoint du cabinet présidentiel, chargé des questions religieuses. Mais il n’aura jamais ni voiture de service ni bureau ni collaborateurs. Un jour au cours d’une réunion publique, Omar Bongo use de son franc-parler légendaire pour lui expliquer les motifs de ses déboires : « Si tu n’y es pas, on ne te voit pas. Et on ne te considère pas pour ce que tu es ». L’homme de Dieu avait opposé une fin de non-recevoir à des francs-maçons qui se proposaient de l’initier.

Ayant désormais en main les rennes du pouvoir maçonnique, Ali Bongo est presque sûr de faire l’unanimité autour de lui. Il pourra même ramener à de meilleurs sentiments certains de ses plus farouches adversaires, à l’instar de l’opposant et ami d’enfance André Mba Obame, ancien candidat à la présidentielle, qui fréquente la Grande Loge du Gabon.

Franc-maçonnerie françafricaine

Comme au Gabon, la Franc-maçonnerie est très présente, au sommet de nombreux Etats africains. De Denis Sassou Nguesso, le président congolais, grand maître de la Grande Loge du Congo-Brazzaville liée à la Grande Loge nationale française, à Mamadou Tanja président du Niger, en passant par Idriss Deby du Tchad et François Bozizé de la Centrafrique, c’est au moins douze présidents du continent qui communient avec les frères « trois points ».

Très souvent pour le grand malheur de leurs pays. Car à l’opposé de leurs « frères » occidentaux, notamment français qui participent activement à la consolidation de la démocratie dans leurs pays, les francs-maçons des cercles de pouvoirs africains, pour la plupart, tiennent leurs pays d’une main de fer, et dépouillent la veuve et l’orphelin [2].

Après avoir régné pendant 42 ans sur un pays naturellement bien pourvu, dont il aurait pu faire avec un peu de bonne volonté, un Etat aussi prospère que les Emirats du Golfe persique, Omar Bongo a laissé le Gabon économiquement exsangue et qui plus est abonné aux Pays très pauvres et très endettés (PPTE). Son ex-beau père Sassou Nguesso est accusé des mêmes pratiques de prévarication, et a été épinglé dans la liste des dirigeants africains propriétaires de biens mal acquis.

Leurs parrains des loges françaises ferment les yeux sur ces pratiques peu maçonniques, quant ils n’en profitent pas. L’article du Nouvel Observateur évoque comment Omar Bongo, reconnu pour sa générosité envers ses amis arrosait ses « frères » français. Il y a quelques années, le don par Denis Sassou Nguesso, à la GLNF, d’une importante somme d’argent avait fait grand bruit. Tout aussi lié aux réseaux maçonniques, même s’il n’est pas déclaré franc-maçon, Paul Biya du Cameroun, qui a fortement financé l’Ordre souverain du temple initiatique, est reconnu pour sa grande générosité envers les gourous et groupes ésotériques. Largesses rendues possibles par l’argent du contribuable camerounais.

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[1] Depuis ses origines, la franc-maçonnerie utilise le mot « régulier » comme synonyme de « légitime », le terme français venant du mot anglais « regular » qui signifie dans ce contexte « normal », « standard », « ordinaire » ou « habituel ». C’est pourquoi toutes les obédiences maçonniques se considèrent elles-mêmes comme « régulières » dans les querelles qui les opposent sur la question de la régularité maçonnique, laquelle trouve son origine dans la nécessité, pour chacune d’entre elles, de définir à quelles conditions elle peut reconnaître les autres comme légitimes, exemptes de déviations graves et authentiquement maçonniques. Dans de nombreuses obédiences, ces conditions prennent souvent la forme de listes de « Basic Principles », de « landmarks » ou de « règles » marquant les limites au-delà desquelles la pratique maçonnique d’une autre obédience sera considérée par elles comme déviante et inauthentique.

Source : Wikipedia


[2] En paraphrase de l’un des objectifs premiers de la Franc-maçonnerie qui est « la défense de la veuve et l’orphelin »

mercredi 4 novembre 2009

Justice : Maître Baudoin dénonce une «décision politique» dans l'affaire des Biens mal acquis

Alors que la Cour d'appel de Paris vient de rejeter l'ouverture de l'information judiciaire sur l'affaire des «Biens mal acquis» de trois chefs d'Etats d'Afrique centrale, la politique de rupture avec la Françafrique de Nicolas Sarkozy est de plus en plus remise en question. Dans une interview accordée le 2 novembre à RFI, que nous publions in extenso, le président d'honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme(FIDH), maître Patrick Baudoin, revient sur la question de l'indépendance des magistrats français et les grands dossiers en cours qui montrent l'incapacité du président français à tenir ses promesses de rupture avec les réseaux d'influence de la Françafrique.
 
© D.R. Sarkozy peut-il vraiment opérer la rupture avec la Françafrique ?
 
Jeudi dernier, la Cour d’appel de Paris s’est opposée à l’ouverture d’une enquête sur les biens de trois chef d’Etat africain en France. Est-ce une décision politique a vos yeux ?

Oui, je pense que c’est une décision tout a fait politique, même si, comme il est habituel, elle revêt un habillage juridique et procédural. Ce qu’il faut rappeler c’est qu’il y a un travail très substantiel qui a été fait par les policiers enquêteurs dont le résultat a été accablant pour les chefs d’Etat africains. C'est-à-dire que des acquisitions de biens immobilier à Paris et des voitures de luxe pour des sommes considérables qui ne pouvaient provenir de leurs simples revenus affichés officiels de chefs d’Etats. Donc Transparency international a déposé une plainte avec constitution de partie civile. Cette plainte a été acceptée par le juge d’instruction. Il y a eu un appel du parquet et la chambre d’instruction maintenant vient dire non, que l’appel n’est pas recevable parce que Transparency international ne subit pas de préjudices personnels, alors que l’objet de l’association c’est de lutter justement contre la corruption.

Alors s’il s’agissait d’une décision du parquet on pourrait parler plus facilement peut être d’une décision politique, mais là ce sont des juges du siège qui ont statué. Est-ce que vous voulez dire que les magistrats de la Cour d'appel de Paris sont aux ordres ?

Je pense que malheureusement nous avons des exemples d’une sorte de soumission volontaire ou involontaire, je ne sais pas, une sorte d’auto censure pourrait-on dire si on parlait de la part des magistrats de la Chambre des instructions de Paris.

Ce n’est pas la première fois, alors certes ce ne sont pas des magistrats présumés indépendants, mais il faut savoir que il y a un pouvoir de nomination. En réalité, il est quand même assez facile pour Paris de placer à des postes clés de la magistrature des personnes qui lui sont plutôt favorables pour ne pas dire soumise.

Mais maître Baudoin, on peut vous rétorquer que mardi dernier, au tribunal correctionnel de Paris, c’est le contraire qui s’est produit puisqu’un juge, Jean Batiste Parlos, a condamné Pierre Falcon et Charles Pasqua à la prison ferme alors que l’Etat avait essayé de les protéger.

Oui, ce n’est pas contradictoire je pense. Il y a des magistrats qui ont des capacités de résistance beaucoup plus fortes. Vous parlez de monsieur Parlos, s’il est connu pour être un magistrat parfaitement indépendant, il y en a heureusement beaucoup d’autres. Il ne s’agit pas de dire que tous les magistrats sont des magistrats aux ordres ce n’est pas cela.

Pensez-vous que dans le procès de l’Angolagate, en appel, les juges risquent d’être moins indépendants que le juge de première instance ?

On peut imaginé que les services de la présidence de la Cour d’appel de Paris essayent de faire distribuer l’affaire devant une composition de juridiction de la Cour d’appel qui peut-être sera orienté différemment ou peut-être moins indépendante, oui, ce n’est pas exclu.

Vous voulez dire que cela va se jouer sur le choix des magistrats, c’est ça ?

Si vous voulez, Paris est composée de nombreuses chambres et les affaires, il faut bien les placer devant certaines de ces chambres. Donc on peut essayer d’orienter le choix et aller vers une composition moins indépendante, plus favorable, plus docile.

Alors revenons a l’affaire des Biens mal acquis. Quand on interroge Denis Sassou Nguesso sur cette affaire, il a coutume de dire : Pourquoi vous intéressez-vous à mon patrimoine immobilier en France et pas à celui des oligarques Russes, des Emires du Golfe ?

Je vous dirais qu’il a tort et raison à la fois. Il a raison parce que je crois qu’on devrait aussi s’intéresser justement à certaines fortunes tout aussi mal acquises provenant d’autres pays du Golfe, Russie et ailleurs. Ce qui est choquant c’est une sorte de discrimination dans les poursuites ou dans la médiatisation de certains de ces dossiers. Moi je suis pour qu’on poursuivent également sur d’autres pays, bien évidemment autres que le continent africain, mais c’est pas pour autant que cela doit conférer l’impunité aux chefs d’Etat africains. On ne peut pas en tirer cette conséquence, il faut essayer de poursuivre tout le monde et ne pas renoncer à poursuivre certains.

Quel est le président le plus interventionniste dans les affaires de justice, Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy ?

Le président Sarkozy, quand il est arrivé au pouvoir, a paru vouloir prendre ses distances justement avec ce qui s’était passé avant lui et en particulier sur la présidence de Jacques Chirac. Bon, il est très vite entré dans les rangs si l’on prend par exemple l’affaire du Beach de Brazzaville, qui a donné lieu, il ne faut pas l’oublier, au massacre d'environ 350 personnes en 1999 a Brazzaville. J’aimerais, puisque c’est vraiment une affaire emblématique, que le parquet de Meaux fasse tout pour faciliter aujourd’hui l’évolution de l’instruction, alors qu’il fait tout l’inverse.

Oui parce que la procédure court toujours ?

Oui la procédure court toujours.

Malgré le procès qui a eu lieu a Brazzaville ?

Alors il y a eu effectivement un procès fantoche à Brazzaville qui était un des procès le plus extraordinaire que l’on puisse connaître puisque les autorités de Brazzaville, tout simplement pour essayer de faire pièce à la procédure qui avait été intentée en France, uniquement pour cela parce qu’elle n’avait rien fait auparavant, ont imaginé de tenir un procès à Brazzaville, donc de poursuivre alors un certain nombre des présumés coupables de ce massacre, mais pas pour les condamner, cela a été fait pour les acquitter. C’est quand même rare que l’Etat poursuive pour acquitter !

Et donc pour la procédure en France, qui se poursuit parce que ce procès de Brazzaville ne pourrait y faire entrave, nous avons gagné devant la Cour de cassation qui a validé la procédure ; donc elle est revenue a Meaux. Je sais pas comment ça ce passe au niveau de la distribution des dossiers entre les juges d’instruction, mais le dossier a été distribué auprès d’une juge d’instruction, dont sans vouloir l'offusquer, je dirais qu’elle a brillé surtout en ne faisant rien depuis plus d’une année. Je lui est rendu visite au début, j’ai été très surpris de sa méconnaissance de ce dossier, depuis lors je sais pas si elle a commencé à tourner quelques pages et à en assimiler une partie, ce que je peux dire c’est qu’elle n’a rien fait. Donc je dis à monsieur Sarkozy que là c’est du concret. Vous nous dites : Fini la Françafrique, je suis contre l’impunité,... démontrez-le et faisons avancer cette affaire du Beach de Brazzaville». 
 
Publié le 03-11-2009    Source : gaboneco     Auteur : gaboneco