samedi 18 décembre 2010

Gabon : Toutes les télés du monde

Toutes les télés du monde

Parmi les émissions les plus regardées au Gabon, Pluriel s'attaque aux problèmes politiques du pays mais est soupçonné d'être l'instrument du pouvoir. En tout cas, l'émission ne battra jamais les records d'audience de l'ultrapopulaire Kongossa, soap-opera diffusé en boucle sur la chaîne publique et ses concurrentes !


Voici le lien vidéo vers le reportage  réalisé au Gabon: http://download.macromedia.com/pub/shockwave/cabs/flash/swflash.cab#version=10,0,0,0

Source : ARTE F (France, 2010, 26mn)

vendredi 17 décembre 2010

La Françafrique décryptée - Documentaire

Patrick Benquet décrypte les relations entre l'Hexagone et ses colonies.
Patrick Benquet, comment résume-t-on en 2h40 cinquante années de Françafrique ?
Mon objectif était d'être très pédagogique, tout en restant historiquement dans la vérité. J'ai donc choisi la ligne énergétique, sachant que l'approvisionnement de la France, après la perte du Sahara, était l'obsession du général de Gaulle. Selon moi, c'est l'axe principal de la Françafrique.

Vous soulignez l'influence de certains dirigeants africains sur nos affaires intérieures...
Avec l'argent du pétrole, il a été possible de mettre en place des chefs d'État à coups d'opérations plus ou moins secrètes pour maintenir une certaine stabilité. Parallèlement, ce pétrole pas cher a consolidé notre niveau de vie et l'argent de cette industrie a permis de financer des partis politiques, ce qui fut révélé par l'affaire Elf. Par effet retour, certains personnages africains ont pris partiellement le pouvoir sur la société française, comme Omar Bongo au Gabon.

D'autres pays ont-ils mis en place des systèmes semblables ?
Le lien entre la France et ses quatorze colonies était beaucoup plus forts que ceux établis par l'Angleterre, le Portugal ou l'Espagne. C'est une spécificité.

Comment interprétez-vous la situation actuelle en Côte d'Ivoire ?
Cela confirme l'idée que Gbagbo fait une nouvelle fois un bras d'honneur à la France malgré la pression internationale. La France a perdu la main.

Des témoins de premier plan s'expriment dans votre film. Pourquoi aujourd'hui ?
En disant que la Françafrique était terminée, Nicolas Sarkozy a peut-être libéré la parole de beaucoup de monde.

Pourquoi Charles Pasqua, « l'Africain », est-il absent ?
En effet, il manque dans le film ! J'avais un très beau témoin qui disait des choses importantes sur Pasqua, mais il s'est dégonflé devant la caméra.

Le 09/12/2010 à 13:19 par Emmanuel Galiero

INTERVIEW DE PATRICK BENQUET, LE RÉALISATEUR DU DOCUMENTAIRE

A travers cette interview, Patrick Benquet, le réalisateur du documentaire sur La Françafrique nous apporte de plus amples explications sur ce dossier qu'il a monté après plus d'un an de travail d'investigation. C'est une sorte de "bonus" pour éclairer encore davantage l'opinion.
Ainsi, Patrick Benquet  revient sur ses choix et motivations pour une plus grande clarté. Découvrez ses propos à travers les 8 liens suivants :

De Peuple Libre, le 17 décembre 2010

Jacques Vergès (avocat français) : “En Côte d’Ivoire l’Occident appuie un candidat, c’est une erreur”

Publié le vendredi 17 décembre 2010 (Source Abidjan.net)

Dans une interview accordée au quotidien Burkinabé “Le Pays”, le célèbre avocat français Jacques Vergès prend position dans la crise post-électorale en Côte d’Ivoire et sur la justice internationale. Extrait!!!

Quelle lecture faites-vous de la situation en Côte d’Ivoire ?
Jacques Vergès : mon avis, les Occidentaux ont poussé à faire des élections en Côte d’Ivoire. On fait des élections pour confirmer un consensus. Il n’y a pas de consensus en Côte d’Ivoire. Il vaut mieux attendre 12 ans que d’arriver à la situation actuelle. D’autre part, l’Occident appui un candidat. Je pense que c’est une erreur. Ce candidat apparaît comme un candidat de l’étranger.
Pour vous, le candidat auquel vous faites allusion n’a pas gagné les élections ?
J. V. : Je n’en sais rien. Même s’il a gagné… Je n’habite pas la Côte d’Ivoire, je ne connais pas exactement la Côte d’Ivoire. Je ne peux pas, comme les Occidentaux, rester à l’étranger et dire que c’est comme ci ou comme cela.
Quelle appréciation faites-vous de la justice internationale ?
J.V. : Je préfère parler plutôt d’injustice internationale. Vous savez, les colonialistes ont toujours un masque. Ils ne disent jamais du bien de vous. Ils pillent vos ressources naturelles. Ils ont commis des génocides à l’égard des Indiens d’Amérique, détruit des civilisations comme celle des Aztèques.

Au nom de la liberté du commerce, ils ont imposé à la Chine trois guerres d’opium. Au nom de l’esclavage, ils sont venus imposer le travail forcé en Afrique. Aujourd’hui, c’est au nom de la justice qu’ils interviennent. Quelle est cette justice ? J’ai travaillé pour le tribunal de la Yougoslavie et pour celui du Cambodge. Les magistrats appliquent des règles, mais eux n’ont pas de règles. Ils font leurs règles eux-mêmes.

Au Burkina ou en France, un juge dit que telle personne est gardée à vue 30 jours. La loi dit que c’est le délai maximum. Mais le juge dit que je veux le garder plus longtemps. La loi est faite par le Parlement et non pas par le juge. Dans le cas de Milosevic (ndlr, il était un de ses clients) au tribunal pour la Yougoslavie, on a changé la loi 22 fois. Ils violent le principe de Montesquieu. C’est la première chose. Au Cambodge, le tribunal vient de décider de faire appel à des donateurs privés.

Quand un homme riche vous donne de l’argent, ce n’est pas pour rien. Vous vous vendez. Quand vous acceptez l’argent de n’importe qui, vous faites n’importe quoi. Je prends l’exemple du tribunal pour le Liban. Il y a 4 ans, les commanditaires de ce tribunal ont dit qu’il faut mettre en cause les Syriens. On a arrêté 4 Généraux réputés pro-Syriens. Il n’y avait rien contre eux. Les commanditaires ont dit ensuite que les Syriens ne les intéressaient plus, mais cette fois c’est le Hezbollah. On a libéré les captifs et on a essayé de mettre en cause le Hezbollah. Un tribunal est responsable devant l’opinion. On a fait le procès de Milosevic sans un Serbe dans le tribunal. On fait un procès au Cambodge où le chef du gouvernement dit qu’il ne veut pas qu’on accuse d’autres personnes, autrement il y aura la guerre civile. Le procureur qui est Canadien dit qu’il a le droit d’avoir une opinion. Les magistrats de la Cour internationale sont atteints de ce qu’on appelle un daltonisme au noir. Le dalton ne voit pas certaines couleurs. Ils ne voient que le noir. Si vous allez à la Cour internationale, tous les inculpés sont noirs, pas parce qu’il ne s’est rien passé à Gaza, pas parce qu’il ne s’est rien passé à la prison d’Abugraïb.

La question que je me pose maintenant est : Pourquoi l’Afrique accepte-t-elle cela ? Je ne dis pas que tout le monde est innocent, mais si ces gens sont coupables, c’est aux Africains de les juger. Pourquoi l’Afrique accepte-t-elle que ses dirigeants soient jugés par une bande de cosmopolites qui la méprisent. Il y a le cas de Béchir au Soudan. Je pense que les pays africains ont raison de ne pas appliquer le mandat international. L’Afrique n’est plus sous tutelle. Les Américains accepteront-ils qu’un pays africain juge Georges Bush pour sa guerre d’agression contre l’Irak ?

jeudi 16 décembre 2010

Le PDG veut son remaniement

La direction du Parti démocratique gabonais (PDG) presse Ali Bongo Ondimba de remanier rapidement son gouvernement.

Dans sa ligne de mire : les élections législatives, initialement prévues en décembre 2011 et qui pourraient être avancées au mois de juillet ou d’août de cette même année. Reste à savoir si, dans cette perspective, le Premier ministre, Paul Biyoghé Mba, en froid avec certains ministres et avec François Engongah Owono, le secrétaire général de la présidence, sera maintenu à son poste. Et si le Rassemblement pour le Gabon (RPG), de Paul Mba Abessole, membre de la majorité présidentielle mais qui s’estime mal traité, entrera au gouvernement.

Source : Jeune Afrique, le 21 novmbre 2010

Vers un remaniement d'ouverture ?

À l’approche des législatives, tout est possible. Les jeux d'alliance peuvent-ils provoquer un remaniement gouvernemental d'ouverture en direction du chef de l'UPG ou ses proches ?

Ali Bongo Ondimba l’avait promis : lui élu, il n’y aurait plus de marchandages entre pouvoir et opposition pour les postes au gouvernement. Il voulait bousculer les usages naguère en vigueur sous la présidence de son père ; le voilà rattrapé par le principe de réalité. Le président du Gabon n’est pas loin de céder à ceux qui, à l’instar de l’Élysée, le pressent d’admettre l’opposition au sein du gouvernement. Le 27 septembre donc, le chef de l’État a profité d’un court séjour à Paris pour rencontrer l’opposant Pierre Mamboundou, 64 ans, qui luttait alors contre la maladie à l’hôpital parisien du Val-de-Grâce. Si rien n’a filtré de ce tête-à-tête, les Gabonais pressentent néanmoins que de grands bouleversements pourraient survenir.

Le loup dans la bergerie

De retour à Libreville le 21 novembre, Mamboundou, qui aime à cultiver le mystère, a confirmé à demi-mot ce qui se trame depuis des semaines : « Pour tout ce qui va se passer à partir de maintenant, j’espère avoir le soutien de tous les Gabonais et particulièrement des militants de l’UPG [Union du peuple gabonais, son parti, NDLR] et de l’ACR [Alliance pour le changement et la restauration, coalition de partis qui a soutenu sa candidature à la présidentielle]. Et je pense que dans quelques jours nous serons fixés sur tout ce qui s’est passé avant que je ne sois à Paris et après mon retour dans notre pays », a-t-il poursuivi, énigmatique.

Ainsi donc, le scénario de l’entrée de l’UPG au gouvernement n’est pas encore entièrement écrit. Au bout de plusieurs décennies d’opposition frontale, ce serait une grande première mais, paradoxalement, pas une surprise. Un premier pas a été fait le 17 novembre 2009 avec la nomination de l’ancien porte-parole du parti Jean Félix Mouloungui comme ministre des PME au sein du gouvernement de Paul Biyoghé Mba.

La vraie nouveauté serait que Mamboundou obtienne la primature, qu’il a toujours convoitée. Ce serait la fin de la répartition « géopolitique », en vigueur depuis quatre décennies, qui réservait ce poste à un Fang de la région de l’Estuaire. « Pour le parti au pouvoir, c’est moins significatif que de faire entrer le loup Mamboundou dans la bergerie de la majorité présidentielle », relativise un homme politique.

L’exercice, il est vrai, est compliqué pour le président. Il doit rassurer les caciques de son parti, qui craignent d’être les grands perdants d’une recomposition de leur famille politique. D’autant que trop de questions restent sans réponse. Qu’adviendrait-il en effet des ténors du Parti démocratique gabonais (PDG) dans une nouvelle nomenclature qui intégrerait Mamboundou en chef du gouvernement ? Et dans cette hypothèse, comment justifier que les quatre premières personnalités de l’État seraient toutes issues du Grand Sud (c’est déjà le cas du président de la République, du président de l’Assemblée nationale et du président du Sénat) ?

Torpiller les coalitions

À moins qu’Ali Bongo Ondimba ne parvienne à obtenir à moindres frais un ralliement de l’opposant, en lui offrant le fauteuil toujours vacant de vice-président de la République. Même s’il est probable que le fier et altier Mamboundou voudra négocier un élargissement du périmètre de ses attributions…

Manifestement, dans la perspective des législatives de 2011, le président veut torpiller les deux blocs qui menacent la majorité au Parlement, à savoir la coalition constituée autour de l’Union nationale et celle de l’ACR cornaquée par l’UPG.

Cependant, s’il entre au gouvernement, l’ancien maire de Ndendé sait d’avance à quels anathèmes l’expose ce changement de cap. S’il peut sortir indemne des turbulences au sein de son parti, où son leadership est incontesté, le risque est grand de voir imploser la coalition qu’il dirige.

Source : Jeune Afrique                      Date : 15/12/2010                  Auteur:  Georges Dougueli

Gabon : Les législatives après la CAN2012 ?

Prévues en principe pour la fin de l’année 2011, les élections législatives seront probablement reportées. Elles seront organisées après le déroulement de la Coupe d’Afrique des nations que le Gabon et la Guinée Equatoriale organisent conjointement du 21 janvier au 12 février 2012.

Tenir les délais, anticiper ou reporter les législatives de l’année prochaine. Chacune de ces options a été soupesée par le pouvoir, en fonction des contingences réelles pour mesurer ses chances de reconduire au Palais Léon Mba une confortable majorité.

La 12e législature qui ira de 2012 à 2017 est un enjeu crucial pour le pouvoir. Pour espérer préparer dans les meilleures conditions la présidentielle de 2017, le nouvel exécutif a besoin d’une confortable majorité à l’Assemblée, des députés élus sur la base du projet politique du président de la République et acquis à sa cause. Bien qu’elle ait une assise nationale, la plateforme politique formée autour du Parti démocratique gabonais, le PDG, n’est pas certaine de faire le score de 2005, avec plus de 90 élus.

Le contexte politique est différent, les clivages internes nés de la dernière présidentielle sont peut être moins vivaces mais bien présents. Par ailleurs, les effets collatéraux de la vague de réformes mises en route depuis le 16 octobre 2009 s’amplifient. A ces contingences se sont ajoutés les aléas d’une météo politique très chargée.

En effet, les révélations faites par «une certaine France» sur le scrutin présidentielle du 30 août 2009, la résurgence de l’affaire des biens mal acquis, les atermoiements sur la biométrie qui risquent de raviver les tensions entre pouvoir et opposition ; autant d’éléments qui militent pour le report des législatives après la CAN. C’est vrai que la proximité des dates de ces deux événements, suggérait soit une anticipation, soit un report de ce scrutin.

La seconde option est favorable pour le pouvoir, au regard de la conjoncture à la fois interne et externe. Ce report permettra au gouvernement de capitaliser les acquis de la CAN pour la campagne, tout en espérant la fin de la saison de «révélations» et la digestion du «pacte PDG-UPG» par certains cadres et militants de ces deux formations politiques hostiles à ce rapprochement. Mais après la CAN, c’est 2012 ou 2013 ? La conjoncture décidera.

Publié le 13-12-2010    Source : Gaboneco     Auteur : Gaboneco  

lundi 6 décembre 2010

Burkina-Faso : Compaoré réélu avec des cartes d’électeurs illégales

Le président sortant Blaise Compaoré, candidat à sa propre succession, a été déclaré, jeudi soir, vainqueur de l’élection présidentielle du 21 novembre par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

Selon les résultats provisoires, Blaise Compaoré recueille 1. 358.941 de voix, soit 80,21% des suffrages exprimés, devançant Hama Arba Diallo (138.666 voix, soit 8,18 %), classé deuxième au terme de cette élection.

Me Bénéwendé Stanislas Sankara, le chef de file de l’opposition, qui était arrivé en 2e position en 2005 avec près de 5% des suffrages, arrive 3e position avec 6,34% des suffrages, tandis que Boukary Kaboré dit "Le Lion du Boulkiemdé" est classé 4e avec 2,30% des suffrages.

Le candidat indépendant Maxime Kaboré arrive en 5e position avec 1,47%, Emile Paré obtient pour sa part 0,85% et François O. Kaboré, l’héritier du Pr Joseph Ki-Zerbo est classé 6e avec 0,64%.

Conformément à l’article 98 du Code électoral, les candidats disposent de 48 heures pour se pourvoir auprès du Conseil constitutionnel qui doit valider les résultats provisoires proclamés par la CENI.

Ces résultats ont été proclamés alors que le juge administratif, dans sa décision annoncée jeudi, a déclaré les cartes d’électeurs illégales.

Quatre candidats, à savoir Sankara, Diallo, Boukary Kaboré, François Kaboré avaient dénoncé mardi des irrégularités sur les cartes d’électeurs et rejeté les résultats provisoires tout en demandant la démission du président de la CENI, Moussa Michel Tapsoba et la reprise de l’élection présidentielle.
Publié le 26-11-2010    Source : Africatime.com      Auteur : Afriscoop.com

jeudi 2 décembre 2010

"Françafrique", documentaire choc sur 50 ans de politique occulte

par Grégoire LEMARCHAND










Valises de billets, barbouzeries ou coups d'Etat: le documentaire "Françafrique" (France 2) frappe fort pour décrire la politique occulte de la France depuis 50 ans en Afrique, où, selon de nombreux témoins interrogés, tout était permis afin que la source de pétrole ne se tarisse pas.

En deux épisodes de 80 minutes (sortie en DVD anticipée le 2 décembre), le réalisateur Patrick Benquet, conseillé par Antoine Glaser journaliste spécialiste de l'Afrique, démonte les rouages du système "Françafrique", mis sur pied par Jacques Foccart juste après l'indépendance des colonies d'Afrique noire en 1960, à la demande du général de Gaulle.

Objectif: contrôler les dirigeants de ces pays, riches de matières premières vitales pour la France, en tout premier lieu le pétrole. Et en dehors de tout contrôle gouvernemental ou parlementaire, la raison d'Etat a justifié tous les coups, même les plus tordus.

"J'ai voulu montrer que de de Gaulle à Sarkozy, il y a une continuité, explique à l'AFP Patrick Benquet. Les gens connaissent un certain nombre de choses - le Biafra, les diamants de Bokassa, Bob Denard, l'affaire Elf... - mais ne font pas le lien. Tout cela s'inscrit pourtant dans une cohérence".

Le documentaire donne la parole à des témoins clés. "Certains n'avaient jamais parlé et d'autres n'avaient jamais parlé comme ça", souligne le réalisateur.

Maurice Delaunay, ex-ambassadeur au Gabon, décédé depuis, décrit ainsi sans retenue les manoeuvres qui l'ont conduit à favoriser l'accession au pouvoir d'Omar Bongo ou, plus tard, la protection qu'il apporta au mercenaire Bob Denard après une tentative de coup d'Etat manqué au Bénin.

Albin Chalandon, PDG de Elf de 1977 à 1983, n'a pas davantage de scrupules à raconter comment il "arrosait" généreusement le financement des campagnes électorales des grands partis grâce aux énormes revenus générés par le pétrole africain.

"Pour les législatives de 1978 et les présidentielles de 1981, dit-il, cela fait 7 millions de francs, partagés à égalité au nom du principe d'impartialité d'une entreprise publique entre la gauche et la droite".

Des pratiques qui ont perduré, assure ensuite Loïk Le Floch-Prigent, lui aussi président d'Elf (1989-1993), qui explique de surcroît qu'il a financé des guerres en Angola et au Congo Brazzaville afin de favoriser les desseins de sa compagnie!

Le film montre également comment le rapport de force s'est inversé: après avoir été faits et défaits par la France, les dirigeants africains ont pris le dessus. Ils font notamment jouer la concurrence avec Américains et Chinois pour l'exploitation des matières premières.

"L'Afrique, ce n'est pas la tasse de thé de Sarkozy, explique Patrick Benquet. Mais il doit effectuer des allers-retours afin de jouer les "VRP" pour Bolloré, Bouygues ou Areva".

Plus frappant encore, l'avocat Robert Bourgi, présenté comme le conseiller officieux de Nicolas Sarkozy pour l'Afrique, ne fait pas mystère de l'influence qu'a eu Omar Bongo, disparu en 2009, sur la politique intérieure française.

"En 2002, au lendemain de la victoire de M. Chirac, raconte-t-il, avant que ne soit constitué le gouvernement, le président Chirac a dit: "Il serait bon, Robert, que vous présentiez au président Bongo les hommes de l'avenir". On s'est retrouvé dans l'appartement de Bongo (à Paris, NDLR), il y avait François Fillon, Jean-François Copé, Pierre Bédier".

"Il les a interrogés (...), à la fin de l'entretien, il a pris son papier à lettres et couché les noms des élus. Il a dit: "Tu portes ça à Jacques". Il y avait sept noms et parmi les sept, cinq sont devenus ministres du gouvernement Raffarin". "Ca vous choque?", lui rétorque le réalisateur. "Non, ça m'amuse", répond Robert Bourgi en riant.

Source AFP, le 01 décembre 2010

Gabon : Vidéos subversives sur Internet

Après une vidéo sur Internet dévoilant l’intronisation d’Ali Bongo comme Grand maître de la grande loge du Gabon, puis d’autres portant également sur la maçonnerie gabonaise et sur les secrets de fin de règne d’Omar Bongo, voici que la bande annonce, en circulation sur Internet, du documentaire "Francafrique – 50 années sous le sceau du secret", laisse entendre de la bouche de personnalités françaises que la présidentielle d’août 2009 était truquée. Rétrospective de ce qui pourrait passer pour un lynchage médiatique.

Intitulé "Gabon, un pays bien Maçonné" (1) une vidéo circule depuis quelques semaines sur le Net qui montre l’intronisation du président Ali Bongo Ondimba comme Grand maître de la grande loge du Gabon. Ali Bongo Ondimba, qui porte un tablier blanc, y est montré en train de jurer : «Je ferais tout ce qui est de mon pouvoir pour servir les intérêts de la franc-maçonnerie régulière en général, et de cette grande loge en particulier. » On y voit, entre autres, Jean-Charles Foellner, ancien grand maître de la Grande loge nationale française (GLNF) et François Stifani, actuel grand maître du GNLF.

Cette vidéo est un enregistrement de la cérémonie qui a eu lieu à Libreville le 31 octobre 2009, un peu avant qu’Ali Bongo n’ouvre, le 4 novembre de la même année, la conférence mondiale de la «Franc-maçonnerie régulière».

On se demande comment une organisation ésotérique réputée pour sa discrétion et son exigence du secret des activités en loge, a-t-elle laissé cette vidéo s’échapper et se vulgariser. A moins qu’il ne s’agisse d’un sabotage ou d’une "traitrise" révélatrice «d’une banalisation de la nouvelle posture d’Ali Bongo Ondimba mais surtout d’un désaveu au nouveau grand maître», ainsi que le pense le bloggeur gabonais Télesphore Obame Ngomo. Après avoir consulté «de nombreux forums ou blogs maçonniques», celui-ci affirme que «Nombreux sont les frères de la Grande Loge Nationale de France, en guerre ouverte avec François Stifani, proche du président de la République gabonaise, qui appellent au départ de ce dernier ainsi que celui d’Ali Bongo Ondimba. »

Deux autres vidéos échappées des loges sont venues compléter cette sitcom maçonnique. Dans l’une de celles-ci, on voit des franc-maçon gabonais dans une loge chantant en chœur "La Concorde", l’hymne national du Gabon. Ce qui a pour effet de soulever des questions sur la laïcité de l’Etat gabonais ou sur l’amalgame entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. Un internaute gabonais n’a pas hésité à s’écrier en plein cybercafé au Centre culturel français Saint-Exupéry de Libreville : «Est-ce qu’on peut chanter l’hymne national dans un temple Bwiti ? Est-ce qu’il serait normal de jouer l’hymne national dans une église ? On veut envoûter le pays ou quoi ?»

Avant cette série maçonnique, les internautes gabonais ont eu droit à la résurgence sur le web d’une autre vidéo intitulée "Sarkozy & Ali Ben Bongo les magouilles annoncées" (2), tournée en juin 2009. Utilisant des images d’archives, celle-ci a été montée pour démontrer que contrairement à ce qu’il affirmait en public, Omar Bongo avait bel et bien fait le choix de son fils Ali Bongo pour lui succéder à la tête du Gabon. Le texte qui accompagne la vidéo sur Dailymotion est explicite :

«Dans la nuit du 1er au 2 novembre 2008, Omar Bongo […] est interné d'urgence à l'hôpital militaire de Libreville. Quelques semaines plus tard (17 novembre 2008), son fils, Ali Ben Bongo, ministre de la défense, et prétendu "successeur" du président du Gabon, est, sur "instructions" du doyen des chefs d’Etat africains, invité à Paris à s'entretenir avec le président français Nicolas Sarkozy, sur d’éventuelles questions liées aux accords (secrets) de défense entre le Gabon et la France. Cet épisode nous rappelle une certaine période de février à novembre 1967, où Jacques Foccart, l'homme de main des réseaux françafricains de Charles De Gaulle, premier président de la Ve République française, préparait le jeune Albert Bernard Bongo, à la succession du président Léon Mba, tombé longuement malade. » On comprend une fois encore que la Françafrique n’en a cure de la démocratie tant invoquée dans les discours officiels.

Depuis un peu plus d’une semaine, le buzz sur la toile gabonaise est le film "Françafrique – 50 années sous le sceau du secret" réalisé par le français Patrick Benquet avec l’appui journalistique de l’ancien rédacteur-en-chef de La lettre du continent, Antoine Glaser. D’une durée de 4 mn, la bande annonce (3) de ce film est «forwardée» de mail en mail, se retrouve sur la plupart des forums fréquentés par les Gabonais et circule à Libreville à travers les téléphones portables par Bluetooth interposé.

Si le film explique les mécanismes de la Françafrique, ce qui est délétère pour le Gabon est le fait que des personnalités françaises d’importance et qui devraient être contraintes aux règles diplomatiques, au secret et à la raison d’Etat, en viennent à soutenir que Ali Bongo n’aurait pas remporté la présidentielle du 30 août 2009. Il en est ainsi de l’ancien chef des services secrets du Gabon, de l’ancien ambassadeur de France au Gabon Maurice Delaunay, de l’ancien "Monsieur Afrique" de Jacques Chirac à l'Elysée qui va jusqu’à avancer des chiffres. Tous affirment, à quelque chose près, que la présidentielle anticipée d’août 2009 a été truquée.

Mais que fait donc la France ? Le film de Patrick Benquet sera diffusé à partir du 9 décembre prochain sur France 2, chaine publique presque sous contrôle de l'Etat français. Les Gabonais, notamment les internautes qui assistent à cette succession de "divulgations", ne manquent pas de s’interroger : «A quoi cela rime-t-il ? Y a-t-il un manipulateur derrière cette campagne médiatique ? Au quel cas, que vise-t-il ? S’agit-il tout simplement d’une conjonction hasardeuse de faits ? Pourquoi maintenant ?»

(1)Le Gabon, un pays bien maçonné
http://www.dailymotion.com/video/xfks40_le-gabon-un-pays-bien-maconne-intronisation-d-ali-bongo_news

(2) Sarkozy & Ali Ben Bongo les magouilles annoncées
http://www.dailymotion.com/video/x9locd_sarkozy-ali-ben-bongo-les-magouille_news

(3) Françafrique - Extrait 1
http://www.youtube.com/watch?v=TkDkMFEQnZs

Source  : Gaboneco, le 02 décembre 2010