L’ambition du gouvernement qui a pris corps le 16 octobre, est de matérialiser le projet de société pour lequel Ali Bongo a été élu le 30 août. Pour atteindre cet objectif, plusieurs mesures ont été prises dans le cadre de réformes initiées par le gouvernement. Celles-ci sont nécessaires, voire vitales pour la mutation économique envisagée. L’essentiel des mesures prises durant ces deux premiers mois appellent des réformes de fond pour faire faire à la société gabonaise le saut qualitatif que suggère le projet d’Ali Bongo.
Depuis la formation de son gouvernement il y a 63 jours, l’action du nouvel exécutif a été marquée par une série de mesures à forte valeur ajoutée émotionnelle, avec la ferme ambition de marquer une rupture profonde avec l’ordre ancien phagocyté par les roitelets.
La plus emblématique d’entre elles est sans doute celle prise quelques heures seulement après la prise de fonction du nouveau président. En effet, dès le lendemain de son investiture, Ali Bongo a étêté toutes les structures administratives à travers la nomination d’une nouvelle élite dans les principaux segments du pouvoir de l’administration publique et dans les entreprises para-étatiques.
Une mesure qualifiée de «tsunami» administratif qui a réjoui beaucoup de Gabonais et a relui un peu plus la veste de «réformateur» endossée par Ali Bongo depuis la campagne électorale. Le vote massif accordé par les députés au programme de politique général du gouvernement présenté le Premier ministre, Paul Biyoghe Mba, le 26 novembre dernier, est sans doute l’effet conjuguée de l’ensemble de ces mesures prises par le gouvernement depuis le 16 octobre.
Toutefois sur le terrain, l’effet escompté de ces mesures tarde à se manifester en termes de bénéfices tangibles. Certes il est peut-être très tôt pour cueillir les fruits des belles promesses qu’entretiennent ces réformes. Mais il n’est pas inutile de les apprécier très tôt afin de mesurer leur capacité modernisante.
L’audit de la Fonction publique, en cours d’exécution, est souvent présenté par les autorités comme une opération destinée à comprimer l’inflation de la masse salariale à travers une rationalisation des effectifs de l’administration publique. Un tel objectif sera sans doute atteint, mais transformera-t-il l’administration en une institution modernisante? Peut-être!
L’ambition tracée par le projet de société d’Ali Bongo aura besoin d’une administration publique efficiente, conquérante, pour pousser à pas forcés la modernisation de la société et la mutation économique que suggère ce projet. Or, le déficit managérial dans la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques, constituent le talon d’Achille de l’administration publique.
Et l’une des traductions de ce déficit est sans doute sa faible capacité de dépense qui ne permet pas au Gabon de mettre en œuvre certains projets pour lesquels les financements sont pourtant disponibles, comme le regrettait l’ancien premier ministre, Jean Eyeghe Ndong, lorsqu’il s’époumonait à élaborer la feuille de route de son gouvernement dont faisait partie l’actuel président de la république et son premier ministre. De nombreux projets financés par des bailleurs de fonds sont soit interrompus, soit jamais amorcés, à cause de cette faiblesse managériale.
Cette réalité recommande des réformes de fonds capables de s’attaquer aux différentes variables qui incapacitent l’administration publique, la verrouille dans l’obsolescence malgré le renouvellement constant de sa ressource humaine. Sans une formation qualitative et une expertise professionnelle efficiente, l’administration publique ne saurait servir de catapulte à l’«émergence» que professe le gouvernement.
Publié le 19-12-2009 Source : gaboneco Auteur : gaboneco
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