vendredi 11 juin 2010

Législatives au Gabon : Leçon politique pour opposants nomades

Le Gabon a organisé le 6 juin dernier des élections législatives et sénatoriales partielles, en vue de mettre fin à la vacance de quatre postes de députés et trois sièges de sénateurs. Ces consultations font suite au départ de plusieurs anciens bonzes du parti au pouvoir, le Parti démocratique gabonais (PDG), pour l’Union nationale (UN), un regroupement de huit formations politiques se réclamant de l’opposition.

Car, comme le prévoit la loi, la désertion d’un parti, sous la bannière duquel on a été élu, entraîne la perte de son mandat. Ce qui a alors contraint les ex-barons du régime, devenus opposants au président Ali Bongo Ondimba, dans l’Union nationale (UN), à se mettre en lice à ces partielles pour la reconquête de leurs fauteuils. Le verdict des urnes est connu depuis le 9 juin dernier. La moisson est tout de même réconfortante pour l’Union nationale, car deux de ses candidats, anciens poids lourd du régime, ont été réélus.
Il s’agit d’André Mba Obame, ex-ministre de l’Intérieur, arrivé en 3e position à la présidentielle de 2009 remportée par Ali Bongo, élu avec 66,89% des suffrages à Medouneu, et de l’ancien Premier ministre, Jean Eyéghé Ndong, qui a remporté son siège avec 80,64% des suffrages dans le 2e arrondissement de Libreville au détriment de Paul Mba Abessole, ancien ministre et ex-opposant aujourd’hui affilié à la majorité présidentielle.

Sur les cinq sièges, qui étaient en jeu, trois reviennent aux candidats du parti du président Ali Bongo, le PDG. Les vainqueurs ont pour noms : Julien Nkoghé Bekalé, l’actuel ministre des Mines (avec 71,14% des voix) ; Régis Immongault a battu l’ex-baronne du PDG, Paulette Missambo, avec 81,28% des votes ; enfin Charles Otando s’en sort avec 53,87% des suffrages.
S’il y a un candidat à ces législatives partielles qui doit se mordre les doigts, c’est bien l’ex-opposant Paul Mba Abessole, qui a préféré rejoindre la majorité présidentielle. Il s’en remettra difficilement d’avoir été platement battu dans le 2e arrondissement de la capitale gabonaise par l’ancien Premier ministre Jean Eyéghé Ndong. Ce verdict, on imagine, doit amener ce malheureux candidat, qui a été à un moment donné dans le passé considéré comme le chef de file de l’opposition, à comprendre que c’est la rançon à tirer, pour un homme politique de son rang, à vouloir « manger avec le pouvoir ».

Car, il est difficile dans ce genre d’option de ne pas finir par se compromettre. En tout cas, vaincu à 80,64% des suffrages par son challenger Jean Eyéghé Ndong, la gifle est quand même cinglant voire humiliant pour l’ancien maire de toute Libreville. Voilà qui doit servir de leçon, on l’espère, aux opposants africains qui ne sont pas toujours à la hauteur de leurs engagements politiques.

Auteur & Sources :  Hamidou Ouédraogo,  l’Observateur

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