vendredi 28 janvier 2011

Peuple Gabonais, lève toi et marche vers ta liberté


Si j’étais médecin, voyant ou astrologue, je dirais que les signes ne trompent pas, nous assistons à des soulèvements populaires dans de nombreuses sociétés. Le leitmotiv commun à ces mouvements de masse est l’aspiration des populations à plus de liberté, de justice et un meilleur partage des richesses.

Mon pays le Gabon n’est pas une dictature au sens strict du terme, il faut bien l’admettre. La critique du système y est tolérée dans la mesure où ces critiques sont encadrées par les radios et télévisions contrôlés par l’Etat. Tous les journalistes ne sont pas menacés de morts, la presse est libre dans la mesure où elle ne dérange pas les gouvernants et leurs affidés. Il faut aussi relever que le droit de grève existe et toutes les manifestations ne sont pas interdites ou réprimées avec violence. D’ailleurs, les enseignants ont assez souvent l’occasion de battre le pavé. Enfin les dissolutions de partis politiques, les interdictions de publications de journaux ou interdictions d’émissions de radio par un  obscur organe de régulation de la communication restent des cas trop rares pour être significatifs d’un quelconque dysfonctionnement.

En revanche, si mon pays n’est pas exactement une dictature, il n’est pas tout à fait une démocratie. Pour exemple, sa constitution est un paillasson sur lequel le pouvoir s’essuie les pieds. Ses parlementaires sont des élus fantoches à la solde du parti Etat. La justice n’est jamais rendue que dans un seul sens, c’est-à-dire contre les anonymes, contre le peuple gabonais. Son armée est au service d’un pouvoir illégitime issu d’élections truquées pour permettre aux mêmes d’être aux affaires ad vitam aeternam, de génération en génération. Enfin (et je m’arrêterai là), dans mon pays tout le monde a le droit de se faire soigner à condition tout d’abord de ne pas être pas malade, de pouvoir se rendre à l’hôpital par ses propres moyens en ayant pris soin d’apporter avec soi ses médicaments, son matériel médical et surtout beaucoup d’argent.

Mon pays le Gabon est riche de matières premières, il dispose d’importantes  ressources naturelles, minières et minérales. Cependant, je ne vois autour de moi que pauvreté, misère, chômage, mal logement, déscolarisation, montée de la délinquance, recrudescence de maladies liées à une mauvaise hygiène de vie (paupérisation, alcool, drogue, …). Le mal-être de la société gabonaise est réel, profond, chronique et totalement inadmissible.

Malgré son immense richesse, le Gabon fait la manche à l’Union Européenne, au FMI, à la Chine, à la France… Sur le territoire national, la classe ou caste dirigeante a mis au point un système de mendicité collective. Au sommet de la pyramide, un monarque et son petit cercle distribuent les bons points et les récompenses  à un groupuscule d’individus appartenant à leur cour. A son tour, ce groupuscule d’individus donnera quelques miettes à ses lieutenants, hommes de main, hommes de confiance, etc... On retrouvera ces miettes soit  sous forme de dons de vêtements, de livres, de médicaments ou de nourriture pour les populations. Soit sous forme de nomination à des emplois publics pour certains soldats ou disciples passés maître dans l’art de la mendicité.

Après 50 ans d’indépendance, le Gabon est toujours au point de départ. On note même une nette régression en terme d’infrastructure (école, route, santé,…) par rapport à l’époque coloniale. Le bilan de l’ère Bongo I est sans appel, le Gabon a été spolié, son peuple a été marginalisé et méprisé.  Aujourd’hui, après un an de Bongo II, nous sommes encore au même stade :
-          pas de véritable vision pour le développement du pays,
-          pas de ligne directrice claire de l’action gouvernementale,
-          pas de grand projet de réforme des institutions, du mode de scrutin à un tour, …
-          pas de réponses aux problèmes quotidiens des gabonais en terme d’emplois, d’infrastructures, de politiques sociales, de politiques industrielles, …

Dans ce monde en mutation permanente, dans ce village planétaire où notre pays est à la traine en matière de développement malgré ses nombreux atouts, nous ne pouvons plus rester en marge. Nous ne pouvons plus accepter de rester les bras croisés à attendre que l’on nous rende notre liberté. Soyons les acteurs de notre destin, n’ayons plus peur de ceux qui nous oppressent. Réagissons, réagissons maintenant pendant que le contexte international est propice aux changements.

Quelque soit le terme employé, tous les peuples sont appelés à faire leur « évolution » ou leur « révolution », qu’elle soit pacifique ou non. Nous devons donc nous lever et marcher sur le chemin de notre liberté.

« Peuple du Gabon, lève toi et marche vers ta liberté »


Auteur :  Kuéli Mihindu, le 28 janvier 2011

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